Déclarations et analyse du Superbike à Aragon

Le grand - double ! - vainqueur de ce deuxième week-end de course est facile à désigner : il s'agit de la nouvelle recrue du team BMW Italia, Chaz Davies. Le pilote gallois confirme que la piste d'Aragon colle parfaitement à son style de pilotage.

Auteur de son premier podium en World Superbike sur la piste espagnole l'an dernier aux commandes de son Aprilia privée, le champion du monde Supersport 2011 accédait samedi pour la toute première fois au premier rang d'une grille de départ Superbike.

King of Aragon

D'ailleurs, sans l'écart de trajectoire dans son ultime tour en Superpole 3, le pilote gallois aurait même pu chiper à Tom Sykes la pole position ! Ses rivaux étaient donc prévenus : Chaz Davies ne se contenterait pas du second rôle lors des deux manches dominicales.

Certes, sa victoire en première manche a été grandement facilitée par les abandons successifs des deux leaders, Laverty et Sykes. Mais rien ne prouve que sans leurs pépins techniques, le pilote irlandais et son Aprilia ou le pilote anglais et sa Kawasaki auraient forcément réussi à priver leur cousin gallois de sa toute première victoire en Superbike !

La seconde course, menée de main de maitre par le n°19, tend même à démontrer le contraire : hyper solide et constant aux commandes de sa "HP4", Davies n'a fait qu'une bouchée de ses adversaires, empochant 25 points supplémentaires, soit 50 en tout dimanche : un hold-up en bonne et due forme, Jackpot !

On imagine déjà Chaz Davies et son nouveau team BMW Italia faire le forcing auprès de la FIM et de la Dorna pour inscrire l'épreuve d'Aragon en toute fin du calendrier WSBK 2014 plutôt qu'au début... Chaz pourrait alors y réaliser une autre grande première : obtenir le titre mondial Superbike au guidon d'une S1000RR ?!

Le classement provisoire du championnat 2013, lui, est pour le moment dominé par notre excellent Sylvain Guintoli ! La saison est encore très longue - il reste 13 épreuves, soit 26 courses à disputer ! -, mais ne boudons pas notre plaisir : Sylvain a prouvé ce week-end qu'il avait la carrure d'un champion.

Allô Papa Bravo

"Je n'étais jamais rentré dans le Top 10 en quatre participations sur cette piste", remarquait à midi sur l'Équipe TV le digne remplaçant de Max Biaggi au sein du team officiel Aprilia. Et lors des séances d'essai vendredi et samedi, le n°50 n'a rien fait pour rassurer ses fans, restant bloqué au seuil du Top 5 alors que son coéquipier Eugene se battait en compagnie de ses camarades Tom, Chaz, Jonathan et Marco !

Quatrième à l'issue de la Superpole (ouf !), "Guinters" a joué dimanche deux partitions sans aucune fausse note, et ce malgré une RSV4 moins bien accordée que les montures de ses principaux rivaux. Son sang-froid lui vaut la deuxième meilleure marque du week-end : 40 points, qui s'ajoutent à ses 45 points australiens et le propulsent seul en tête du classement provisoire.

Le futur papa - pour la quatrième fois, chapeau bas... à son épouse Caroline ! - le sait pertinemment : un championnat se joue sur les pistes où l'on est le moins à l'aise. En terminant deux fois deuxième sur sa "piste noire", Sylvain Guintoli marque finalement bien plus que 40 points : il frappe les esprits de ses adversaires qui s'attendaient à le voir trébucher !

Profitons également de cette analyse Moto-Net.Com pour saluer la victoire d'un autre Sylvain, Barrier cette fois, lors de l'épreuve d'ouverture du championnat Superstock 1000 ! Et soulignons aussi comme il se doit le succès de Fabien Foret dans sa propre catégorie.

Le champion Supersport 2002 a en effet remporté la course SSP hier après-midi, bien aidé il faut le reconnaître par les abandons des deux autres têtes d'affiche du championnat : le triple champion Kenan Sofuoglu et la star montante Sam Lowes.

Sujettes à une mauvaise grippe - espagnole forcément, qui a contaminé de nombreuses motos ce dimanche ! -, les Kawasaki n°54 et Yamaha n°11 ont été écartées de la tête de la course. La Kawa n°99 de Fabien en revanche a parfaitement tenu le coup, jusqu'au bout, et s'installe en haut du classement Supersport.

Notons enfin qu'à l'image de Marc Marquez en MotoGP, Michael van den Mark continue d'impressionner dans le paddock : grâce à son deuxième podium consécutif, le garçon titré en Superstock 600 l'an dernier se hisse à la deuxième place du provisoire WSSP 2013. Un bonhomme à suivre !

Cocorico(s) !

En World Superbike, nos deux autres compatriotes ont également scotché bon nombre d'observateurs ! Dès les qualifications, Jules Cluzel et Loris Baz ont comblé leurs équipes, leurs familles et leurs fans en rejoignant Sylvain Guintoli sur la deuxième ligne de la grille.

Les destins de ces deux espoirs de la vitesse française sont restés liés lors des deux courses puisque "Bazooka" et Cluzel se sont classés 5ème puis 6ème pour l'un, et 6ème puis 7ème pour l'autre. Les numéros 76 (Kawasaki) et 16 (Suzuki) étaient à ce point inséparables qu'ils sont tous deux partis des stands en deuxième manche !

Alors que Jules était évacué de la grille de départ en raison d'une boîte de vitesses récalcitrante, Loris préférait éteindre son moteur, considérant à tort que la procédure de départ était reportée à beaucoup plus tard... Baz aurait voulu faire preuve d'une plus grande solidarité envers Cluzel qu'il n'aurait pas pu !

Leurs remontées du fin fond du classement vers des places convoitées par de grands noms du World Superbike tels que Checa, Haslam, Fabrizio ou Neukirchner suffisent à démontrer le bien-fondé de leur présence au plus haut niveau de la vitesse moto - dérivée de la série !

L'équipe Suzuki, notamment, peut se féliciter d'avoir sélectionné Jules comme second pilote. Du même coup, Guintoli peut aujourd'hui se faire pardonner de ne pas avoir confirmé son engagement au sein de la structure de Paul Denning, préférant rejoindre l'Aprilia Racing Team.

Contraint de forcer aux commandes de la GSX-R1000 pour tenter de suivre le rythme des meilleurs, Leon Camier a fini par franchir les limites de sa moto et de ses Pirelli. Bilan : un genou salement amoché que l'Anglais devra surveiller de très près ces prochains jours.

"J'ai besoin de m'assurer que la plaie ne s'infecte pas", signalait hier soir le n°2 de Suzuki, qui possède toujours le statut de pilote "number one" chez les Jaunes. "Si la peau cicatrise et que la tuméfaction se résorbe, alors j'ai une chance d'être à Assen"...

"Le problème se situe là où l'os a manqué de traverser la peau (bon appétit, NDLR !), parce que ça pourrait être infecté. Il y a aussi une petite partie près d'un ligament qui est endommagée, donc j'ai eu droit à de nombreux points de suture internes pour tout réparer".

"Je vais prendre les choses comme elles viennent et j'espère que tout ira bien", conclut "Kamir", sans oublier de féliciter son nouveau coéquipier : "il a fait du super boulot dans les deux courses, j'aurais juste aimé être là avec lui"... Aurait-il été devant ou derrière ? "That's the question !"

La malédiction d'Aragon

D'autres pilotes anglais ont manqué de chance aussi, en course cette fois-ci : Eugene Laverty et Tom Sykes ont successivement dû abandonner la tête de la première manche en raison de problèmes techniques. Trahi par son Aprilia, le pauvre "Youdjine" a été piégé par ses Pirelli en seconde manche !

"Je savais que je pouvais me refaire en deuxième manche", explique le n°58, mais "au lieu de ça, la double procédure de départ m'a valu des problèmes car les pneus ont un peu refroidi. En fait j'ai d'abord perdu l'arrière, puis l'avant, ce qui a entraîné ma chute".

Arrivé à Aragon avec le même nombre de points que son coéquipier Guintoli, Laverty repart avec une double bulle et une bonne leçon : ne pas attaquer trop tôt et trop fort sur des pneus tiédasses ! Tom Sykes pour sa part s'est bien rattrapé en seconde en montant sur la troisième marche du podium, que visait également Davide Giugliano, lui aussi maudit en première manche (panne sèche !).

Enfin, alors que certains ont été touché par la malchance, d'autres ont davantage manqué de puissance : les pilotes de Ducati, notamment, rendaient une quinzaine de km/h en vitesse de pointe aux meilleurs 4-cylindres du plateau...

L'an dernier, la partie cycle de la - bonne - vieille 1198 avait permis à Carlos Checa de compenser son déficit de puissance pure. Le champion du monde en titre d'alors avait accroché une inespérée troisième place en première manche (merci la bourde de Badovini, lire MNC du 1er juillet 2012 : trois grosses bastons à Aragon !) et une passable 7ème place en seconde.

Cette année, sa Panigale officielle flambant neuve lui a tout juste permis d'égaler la 7ème place en première manche - elle aussi marquée par des incidents de courses, nous l'avons vu - et de terminer une place plus bas lors de la suivante. "Aïe", caramba !

Côté Honda, si les Fireblade sont parvenues à prendre l'aspi de leurs petites camarades, leur électronique "maison" ne leur permettent pas encore de faire jeu égal sur l'ensemble d'une course, malgré d'indéniables progrès en essais.

Jonathan Rea a en effet squatté le Top 5 des séances de vendredi et samedi et n'en a été écarté qu'en Superpole. Quatrième de la première course dimanche, Johnny a subi à son tour la malédiction d'Aragon lors de la deuxième course...

Son passage dans les stands lui vaut une décevante 15ème place, mais le coordinateur technique de Honda Pata, Pieter Breddels, remarque "qu'au vu de ses chronos, il aurait pu viser une nouvelle quatrième ou cinquième place, peut-être sixième, et nous lui présentons toutes nos excuses".

Le responsable Honda devra également s'excuser auprès de son autre pilote, Leon Haslam, victime de problèmes de frein pendant les deux courses : "sans ça, je suis certain qu'il se serait battu pour les mêmes positions que Jonathan", assure-t-il.

Comme fait exprès, la prochaine épreuve se déroulera aux Pays-Bas, à Assen, non loin du quartier général de team Ten Kate où sont préparées les CBR1000RR de Rea et Haslam. À domicile, les Honda n°65 et 91 seront à coup sûr plus compétitives : Jonathan y a remporté quatre victoires lors des six dernières courses !

Rendez-vous dans deux semaines pour suivre la troisième épreuve du championnat du monde Superbike 2013 et d'ici là, restez connectés !