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MOTOGP 2016 - MOTEGI (15/18)
Paris, le 17 octobre 2016

Déclarations et analyse du GP du Japon MotoGP 2016

Déclarations et analyse du GP du Japon MotoGP 2016

Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix moto du Japon 2016, théâtre du troisième titre de Marc Marquez en catégorie reine.

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Page 1 : Marquez s'en donne 5 au Motegi !

Les 52 216 spectateurs du Grand Prix du Japon 2016 ont profité de trois courses palpitantes au Motegi, disputées sous un franc soleil mais avec des températures relativement fraîches (entre 20 et 25°C dans l'air et entre 26 et 36°C au sol). D'abord, un beau duel entre Enea Bastianini et le nouveau champion du monde Moto3 Brad Binder - remporté par l'italien - , suivi d'un impressionnant cavalier seul de Lüthi en Moto2. Johann Zarco, deuxième derrière le suisse après une belle remontée, reprend de l'air au championnat suite à la chute d'Alex Rins. Ensuite, les cracks du MotoGP ont pris possession de la piste construite par Honda, qui fêtait justement ce week-end les 50 ans de ses débuts en catégorie reine...

Très vite en tête, le leader du championnat Marc Marquez s'est appliqué à imprimer un gros rythme sur ce tracé où il ne s'était jusqu'à présent jamais imposé, signant dès son sixième passage le meilleur chrono de la course en 1'45.576. Soit 0,146 et 0,215 sec plus rapide que Rossi et Viñales, respectivement auteurs des deuxième et troisième meilleurs temps en course. L'officiel Honda tentait de s'échapper pour pousser ses rivaux à la faute, sachant que ses principaux rivaux pour le titre - Rossi et Lorenzo - n'avaient besoin que de terminer respectivement 15ème et 3ème pour reculer son sacre à la course suivante, en Australie.

A sa grande surprise, sa stratégie a fonctionné au-delà de ses espérances : pendant qu'il filait vers la victoire, Rossi puis Lorenzo se sont tour à tour auto-éliminés, lui offrant presque sur un plateau son troisième titre en MotoGP (avec ceux de 2013 et 2014) et sa cinquième couronne toutes catégories confondues (champion du monde 125 en 2010 et Moto2 en 2012) ! A 23 ans et 242 jours, le n°93 devient le plus jeune pilote de tous les temps avec un tel palmarès ! 

Déclarations des pilotes et analyses MNC

Marc Marquez, Honda-Repsol (2ème en qualifs et 1er en course) : "Quand j’ai vu que Rossi était tombé, je me suis dit que je pouvais reprendre mon ancien style et tout donner pour la victoire ! Lorenzo est ensuite tombé à son tour et j’ai manqué plusieurs vitesses en réalisant ce que ça signifiait. Quand j’ai franchi la ligne, je ne m’attendais pas aux t-shirts et à tout ça mais mon équipe croyait en moi et tout avait été préparé pour fêter ça ! Sur la grille, Santi m’avait dit de ne pas jouer la victoire si c’était risqué, mais je me sentais bien et j’ai pu le faire. Les meilleures fêtes sont celles que l'on ne prévoit pas, alors nous commencerons dans le box et nous verrons bien où nous finirons !"

"Le début de la saison a été la partie la plus difficile de l’année et peut-être de ma carrière. Après les deux premières victoires (doublé en Argentine et en Amérique, NDLR), c’était difficile mais en étant en tête du championnat, je pouvais me permettre de finir deuxième ou troisième. J’avais payé très cher pour apprendre ça l’an dernier. Je crois que j’avais plus de pression cette année et ça a été dur à gérer".

"Nous avons beaucoup progressé et maintenant nous avons une moto compétitive. J’ai beaucoup appris en suivant Valentino à Montmeló (pendant le GP de Catalogne remporté par l'italien, NDLR), car il connaissait déjà très bien les pneus Michelin. C’était la première fois que je le suivais sur beaucoup de tours et j’avais pu voir certaines choses. Lorsque nous avons entamé la seconde moitié de la saison, en Allemagne, j’ai commencé à être un peu nerveux mais mon team me disait de rester calme, qu’Aragón arrivait bientôt. Une fois là-bas, nous savions que nous allions gagner et que ça allait être l’un des points clés de la saison. Quand le team a la même mentalité que le pilote, tout est plus facile".

"Aujourd’hui tout était normal. Je me suis levé et j’ai pris mon petit-déjeuner à la même heure que d’habitude. Tout était normal et j’étais très détendu. Jose m’avait expliqué les conditions nécessaires pour avoir le titre et je lui avais dit de ne pas y penser, que nous nous concentrerions là-dessus en Australie".

"Quand Rossi essayait de me doubler, je me disais qu’il fallait éviter cette bataille et partir devant. Je l’ai donc fait et après j’ai essayé de gérer mon avance sur Jorge. Quand j’ai vu "Lorenzo out", j’ai fait quelques erreurs comme de passer dans certaines courbes sur le mauvais rapport. Mais je voyais Dovizioso revenir et je me suis forcé à me reconcentrer. La température du pneu avant est montée en raison des conditions différentes et je n’étais pas certain de la façon dont ils allaient se comporter, mais tout a bien fonctionné".

"Je fais de mon mieux chaque année, mais cette année la pression était vraiment élevée, surtout au début. La fin de l’année dernière avait été dure. Je me sentais sous pression mais c’était aussi de la motivation en plus. Du jeudi au dimanche, je n'ai pensé qu’à la moto. Ça a été la clé. Les champions peuvent tenir la pression. J’ai payé cher l’an dernier, mais ça m’a aussi permis d’apprendre des choses".

L'analyse Moto-Net.Com : "Si vous m'aviez annoncé vendredi que je deviendrai champion du monde aujourd'hui, je ne vous aurais pas cru !", rapportait Marc Marquez à l'arrivée du Grand Prix du Japon, rayonnant de joie et de fierté de sceller son troisième titre MotoGP par une 29ème victoire (55 au cumul des trois catégories) sur le circuit de son employeur, devant le big boss Honda Takahiro Hachigo pour ne rien gâcher. Extrêmement volubile, l'officiel HRC s'est longuement confié sur sa saison et la façon dont il avait appris de ses erreurs pour progresser (lire MNC du 17 octobre : face à face avec Marc Marquez, champion du monde 2016).

Oublié le Marc Marquez "tout feu tout flamme" qui torpille sa saison 2015 en allant à la faute une course sur trois (six résultats blancs) : à seulement 23 ans, le catalan a su se remettre en question pour acquérir la régularité et la sagesse qui lui faisaient défaut. Ce travail sur lui-même - loin d'être simple à réaliser, de l'aveu même du pilote - a porté ses fruits : au classement provisoire, le n°93 est le seul pilote du Top 5 à n'avoir enregistré aucun résultat blanc cette saison. Même quand il a chuté au Mans (sa seule faute en course à ce jour), Marquez est parvenu à sauver les points de la treizième place. 

Ses principaux rivaux pour le titre ne peuvent en dire autant... Valentino Rossi (52 points de retard sur Marquez en arrivant au Japon) enregistre son quatrième abandon à trois courses de la fin de saison : trois fois par sa faute (à Austin, à Assen et hier au Motegi) et une fois suite à la casse de son moteur au Mugello. Jorge Lorenzo (66 points de retard sur Marquez en arrivant au Japon) est de son côté parti au tapis pour la troisième fois : deux fois par sa faute en Argentine et au Japon et une fois poussé par Iannone en Catalogne. Bref, les Yamaha Boys ont clairement manqué de régularité, poussés à la faute par ce diable de Marquez : "les erreurs ne se produisent pas par hasard", révèle le nouveau champion du monde en expliquant que la capacité d'un pilote à "garder un rythme soutenu pour faire pression sur les autres augmente les possibilités qu'ils fassent des fautes"...

A l'inverse, ce même Marquez a su se raisonner et marquer des gros points quand gagner lui était impossible, et ce malgré un impressionnant nombre de chutes en essais : 14 avec celle essuyée au Motegi ! La devise "Joe Bar Teamesque" ("Les essais, c'est fait pour essayer") va comme un gant au champion du monde 2016, désormais à égalité de titres en catégorie reine (3) avec son compatriote Jorge Lorenzo et les américains Wayne Rainey et Kenny Roberts. Sacré CV pour Marquez, premier pilote titré sur Michelin en MotoGP depuis Nicky Hayden en 2006 - déjà sur une Honda-Repsol !

L'exploit est d'autant plus impressionnant que le jeune espagnol a justement dû composer toute la première partie de saison avec une RCV officielle en retrait à l'accélération, à cause des logiciels uniques et de son nouveau V4 à vilebrequin contrarotatif. Même si les choses se sont ensuite améliorées chez Honda - comme le soulignent les victoires de Miller, Crutchlow et Pedrosa -, la performance n'est pas mince : Lorenzo lui-même tire son chapeau à Marquez pour avoir remporté le titre alors qu'il n'avait pas la "meilleure moto d'entre nous" (voir sa déclaration en bas de page).

La carrière de Marquez en vidéo

A la fois soulagé de la pression du titre et ravi de tourner la page sur les polémiques de la fin saison dernière, Marc Marquez prévient qu'il va désormais mettre sa payante prudence de côté pour laisser place à son tempérament bagarreur : "maintenant, je crois que l’ancien Marc Márquez va revenir !", rigolait-il hier soir. Ses adversaires, eux, ne sourient pas du tout à l'idée de le voir tout tenter pour remporter les trois dernières courses de la saison...

Ci-dessous une intéressante vidéo consacrée à la carrière du quintuple champion du monde, de ses premiers tours de roues en mini-moto à ses deux titres MotoGP successifs en 2013 et 2014 en passant par ses premiers Grands Prix en 125 cc en 2010 et son premier sacre mondial en 2010 (voir aussi notre rétrospective sur Marquez de 2013 et les questions-réponses de Marquez avec le HRC sur sa saison 2016). 

Andrea Dovizioso, Ducati (4ème en qualifs et 2ème en course) : "J’ai pris un bon départ mais avec Valentino on s’est un peu gênés. Du coup j’ai freiné plus tôt et j’ai perdu quelques positions. À partir de là, ça s’est un peu compliqué. Je me suis rendu compte que Marc et Valentino étaient plus rapides, alors je me suis focalisé sur Aleix. Après la chute de Valentino, je me suis dit qu’il était sans doute possible de rattraper Jorge. Il était rapide mais je voyais bien qu’il n’était pas à 100%. J’ai essayé d’opérer la jonction sans prendre trop de risques, car une erreur est vite arrivée comme on a pu le voir aujourd’hui".

"Je savais que j’avais l’avantage sur certaines portions du tracé. La course était longue et le circuit comporte de gros freinages, mais au fil des tours je reprenais quelques dixièmes. À cinq tours de la fin, nous étions vraiment proches. J’avais entrepris de le passer, mais il est parti à la faute, ce qui m’a facilité la tâche. Je pense que son pneu avant a glissé sur la bande blanche. Sur la fin, j’étais concentré sur mon panneautage car je voyais que Maverick revenait sur moi et il est généralement très fort à ce moment de la course. Mais mon rythme était bon, ce qui m’a permis de le contrôler".

L'analyse Moto-Net.Com : Andrea Dovizioso s'est montré très performant dès les premiers essais libres sur sa Ducati équipée d'ailerons aux formes toujours plus complexes. Le transalpin a su tirer profit de la stabilité de la Desmosedici au freinage et de son excellente capacité d'accélérations : redoutable freineur, "Dovi" s'est montré à son avantage sur le circuit Motegi, typé "Stop and Go". Après un départ en demi-teinte, le n°4 est revenu sur ses rivaux à la force du poignet et n'aurait sans doute pas tarder à attaquer Lorenzo avant sa chute.

Deuxième derrière l'intouchable Marquez, l'officiel Ducati met fin à une assez longue période sans succès puisque son dernier podium remontait au Grand Prix d'Autriche cet été. Andrea Dovizioso se tourne désormais vers la prochaine course en Australie dimanche, durant laquelle son coéquipier Andrea Iannone sera de nouveau forfait

Souffrant toujours de sa vertèbre T3 touchée à Misano, Iannone doit se résoudre à jeter l'éponge pour la quatrième course consécutive, pour le plus grand bonheur d'Hector Barbera. Car non, ce n'est pas Casey Stoner qui remplacera Iannone à Phillip Island, comme beaucoup se prenaient à en rêver suite à l'annonce du forfait du n°29 en Australie : Ducati a confirmé que Barbera poursuivait l'intérim sur la moto officielle, même si sa 17ème place au Japon n'est guère au niveau du talent de l'espagnol.

Maverick Viñales,Suzuki-Ecstar (7ème en qualifs et 3ème en course) : "Je ne suis pas très bien parti et quand je me suis retrouvé septième j’ai essayé de préserver mon pneu. J’ai ensuite rattrapé Aleix mais j’ai perdu du temps en essayant de le doubler et Dovi a pris de l’avance. C’est un bon résultat, mais nous voulons faire mieux et nous allons essayer de progresser sur les prochaines courses".

L'analyse Moto-Net.Com : Lui aussi très rapide pendant les essais, Maverick Viñales n'a pas su concrétiser en qualifications (septième après avoir servi de point de repère lors du dernier tour vers la pole de son prochain coéquipier Valentino Rossi). A l'extinction des feux, "Mack" a ensuite mis du temps à tirer profit de sa redoutable vélocité (3ème meilleur chrono de la course), malgré la compétitivité remarquée de sa GSX-RR. 

Car à domicile, les bonnes performances de la Suzuki ont été chaleureusement acclamées par les fans, ravis de voir deux motos japonaises sur le podium avec la victoire de Marquez et la 3ème place de Viñales ! Qui plus est, le public a pu assister à une belle bagarre entre les Suzuki Boys, ce qui n'est pas si courant : auteur d'un excellent début de course, Aleix Espargaro a tenu la cadence pendant 24 tours pour décrocher sa meilleure performance de la saison.

"Pour la première fois de l’année, j’ai pu rester assez proche de la tête de course, tout en me battant pour le podium : c’est dommage, j’y étais presque !", se réjouit le futur pilote Aprilia (aux côtés de Sam Lowes), un rien frustré de ne terminer qu'à six petits dixièmes de son brillant coéquipier Viñales. 

Cal Crutchlow, Honda-LCR (5ème en qualifs et 5ème en course) :  "On peut considérer comme relativement satisfaisante cette cinquième place à l'arrivée pour l'équipe et moi-même, mais j'ai commis une erreur en milieu de course. Je me suis élancé avec l'option pneumatique la plus dure à l'avant en étant persuadé qu'il s'agissait du choix le plus judicieux, mais j'étais vraiment en difficulté pour être rapide dans les premiers tours. J'ai donc dû patienter pour faire preuve de plus de compétitivité sur la fin de l'épreuve, ce qui a toujours été notre objectif".

"Je suis malheureusement sorti de la piste en milieu de course et la tournure des événements s'est largement compliquée pour moi. J'ai perdu environ huit ou neuf secondes dans ce tour et j'en suis entièrement responsable, mais j'ai réussi à rester sur mes roues et à m’extraire du bac à graviers, ce qui est l'essentiel. Nous avons néanmoins franchi la ligne d'arrivée de ce Grand Prix à une position honorable mais nous ne pouvons évidemment pas cacher notre déception de ne pas avoir pu nous battre pour le podium aujourd'hui".

"L’équipe a de nouveau redoublé d'énergie pour accomplir un superbe travail et une nouvelle place dans le Top 5 demeure toujours importante dans cette deuxième moitié de saison".

L'analyse Moto-Net.Com : Cal Crutchlow pensait réaliser la bonne opération en tentant le pari du pneu avant dur, plus adapté selon lui aux grosses contraintes que son pilotage exerce sur la Honda RC213V. Face à des pilotes majoritairement en médium, le britannique a rapidement déchanté : suivre les leaders lui était impossible...

Le n°35 n'a cependant pas baissé les bras, même quand une erreur l'a propulsé en dehors de la piste : heureusement pour lui, les chutes de Rossi et Lorenzo lui permettent de sauver les meubles malgré un détour de plusieurs secondes dans les graviers. Le natif de Coventry termine à 15 secondes du vainqueur et à 10 secondes d'Espargaro qui le précède, position qui renforce sa place de premier pilote privé au provisoire derrière six motos d'usine : celles de Marquez, Rossi, Lorenzo, Viñales, Pedrosa et Dovizioso. 

Pol Espargaro, Yamaha-Tech3 (9ème en qualifs et 6ème en course) : "Cette journée fut assez difficile, autant dire que ces dix points inscrits sont très importants. Ceci étant, je suis un peu déçu car nous n’avons pas été aussi compétitifs au final. Je ne me suis jamais vraiment senti à l’aise aux essais libres, je savais que la course allait être longue. Mais je suis tout de même parvenu à prendre un bon départ pour me positionner devant les Ducati. Je n’ai ensuite pas réussi à rester au contact du groupe qui me précédait".

"Du coup, j’ai passé quasiment l’intégralité du Grand Prix seul. Les chutes survenues devant m’ont permis de terminer sixième, ce qui constitue de précieux points pour la place de premier pilote indépendant au championnat. Nous pouvons donc être contents. J’ai désormais hâte de me rendre en Australie. Phillip Island est un tracé que j’aime beaucoup. J’y ai beaucoup de bons souvenirs".

L'analyse Moto-Net.Com : Une course solide et opportuniste de la part du cadet de la fratrie Espargaro, qui profite lui aussi des chutes en tête de course pour gagner deux positions. Esseulé à la huitième place, le catalan a gagné deux places en quelques tours grâce aux chutes successives de Rossi puis Lorenzo. 

Même s'il finit derrière Crutchlow, le futur pilote KTM marque de précieux points dans sa lutte avec le britannique pour la place de premier pilote privé. Au soir du GP du Japon, les deux hommes sont désormais séparés par dix points : avec trois courses restant à courir, cette place d'honneur très convoitée est donc encore loin d'être définitivement attribuée !

Le coéquipier de Pol Espargaro, Bradley Smith, termine pour sa part l'épreuve japonaise à une anonyme 13ème place, jamais dans le rythme en raison d'un manque de mobilité de son genou blessé lors de sa pige en endurance. Le britannique espérait mieux pour son retour à la compétition après un mois de convalescence. Son employeur Tech3 aussi...

Valentino Rossi, Yamaha-Movistar (1er en qualifs et abandon sur chute en course) : "Avant tout, j’aimerais dire que je vais bien. C’est dommage car j’avais un bon rythme, peut-être pas suffisant pour battre Marc mais au moins pour rester à son contact. Malheureusement, je n’ai pas pris un très bon départ. Marc m’a passé, tout comme Jorge. Et Marc a ensuite doublé plus rapidement Jorge. J’ai perdu un peu de temps derrière lui. J’ai ensuite essayé de revenir sur Marc car j’avais un bon rythme, mais j’ai perdu l’avant. Honnêtement, je ne comprends pas. Je ne pense pas avoir été trop rapide ou trop large, mais j’ai perdu l’avant et j’ai fait une erreur".

L'analyse Moto-Net.Com : Valentino Rossi n'a jamais été aussi rapide depuis son retour chez Yamaha en 2013, comme en témoigne sa troisième pole position de la saison arrachée à Marquez au Japon. Malgré son énorme expérience, le nonuple champion du monde de 37 ans a pourtant manqué du recul nécessaire pour distinguer vitesse et précipitation : chuter trois fois en quinze courses, c'est trop. Ajoutez à cela un moteur défaillant en Italie et une certaine difficulté à transformer sa vélocité en victoire (deux succès contre cinq pour Marquez), et la possibilité de se battre pour le titre s'envole.

"J'ai commis des erreurs et malheureusement la moto a cassé au Mugello, ce qui a pesé assez lourd. Au final, nous n'avons jamais vraiment été en bagarre pour le titre", avoue l'officiel Yamaha avant de reconnaître sportivement que son rival "mérite ce titre parce qu'il a été plus régulier. Marc a aussi remporté beaucoup de courses et il a toujours été très fort. C'est donc juste".

A la fois déçu et furieux, le Docteur s'étonne toutefois des circonstances de sa chute qu'il n'a a absolument pas vu venir devant ses nombreux fans japonais : "d'habitude quand vous tombez, vous ressentez quelque chose une fraction de seconde avant la chute, mais ça n'a pas été le cas", explique-t-il en ajoutant que ses données enregistrées n'indiquent pas de vitesse excessive ou d'écart de trajectoire dans le virage n°10 où s'est terminée sa course...

Cette analyse forcément dépitée renvoie directement au problème de manque d'avertissement du pneu avant Michelin lorsqu'il atteint sa limite d'adhérence, dont se plaignent pratiquement tous les pilotes. Au Japon, cette caractéristique en a piégé une quinzaine, dont trois assez durement pendant les essais : Dani Pedrosa (contraint au forfait dès les FP2, clavicule fracturée en quatre morceaux), Jorge Lorenzo - obligé de courir sous antidouleurs suite à son énorme high side en FP3 - et Eugene Laverty, qui chutera de nouveau en course.

"Nous avons été surpris par les basses températures de piste et le temps que les pneus ont mis pour chauffer lors des séances d’essais (entre 26 et 36°C au sol, NDLR), reconnaît Nicolas Goubert, boss du service MotoGP chez Michelin. "Mais nous avons parlé avec les teams et les pilotes pour leur expliquer la situation. Nous allons travailler là-dessus pour Motegi en 2017". Reste que les pilotes ont payé cher ce souci d'anticipation de la part du manufacturier français !

Outre ces problèmes pneumatiques, Rossi pointe aussi l'absence d'évolutions positives sur la M1, qui n'est plus selon lui la moto la plus équilibrée du plateau : "Honda a résolu ses problèmes rencontrés au printemps, alors que nous avons stagné faute d'avoir introduit de nouvelles pièces plus performantes", regrette le Docteur. Ce constat amer se vérifie dans les chiffres : les pilotes Yamaha ne se sont plus imposés depuis le GP de Barcelone début juin, soit huit courses et quatre mois sans victoire... 

Par ailleurs, Honda compte quatre pilotes vainqueurs d'un Grand Prix avec Marquez, Pedrosa, Miller et Crutchlow, tandis que seuls Rossi et Lorenzo ont gagné pour Yamaha. Certes, les victoires de l'australien du team Marc VDS et du britannique chez LCR ont été favorisées par les conditions humides des Grands Prix des Pays-Bas et de République tchèque, mais tout de même : la RCV surclasse la M1 avec un total 8 victoires contre 5. Cette domination se vérifie au classement constructeurs, logiquement mené par le blason ailé avec 316 points contre 288 pour Yamaha, 207 pour Ducati, 171 pour Suzuki et 81 pour Aprilia. 

Valentino Rossi peut néanmoins se consoler du très beau compliment que lui a adressé Marc Marquez dans une interview accordée à El Periódico : "J'espère pouvoir devenir comme Rossi à l'avenir, arriver à son niveau. Cela montrerait que ma carrière en tant que sportif est une réussite, étant donné que la sienne est très difficile à égaler".

De quoi atténuer la déception de l'italien quant au fait qu'il ait craqué sous la pression du titre pour la deuxième fois face à un pilote Honda-Repsol, comme en 2006 à Valence contre Nicky Hayden ?

Jorge Lorenzo, Yamaha-Movistar (3ème en qualifs et abandon sur chute en course) :  "Je suis très déçu parce que j’ai fait une erreur. J’ai trop attaqué alors que la moto ne fonctionnait pas bien avec les pneus. À Aragon nous avions fait le bon choix pour les pneus et cette fois-ci ça a été le contraire. Nous avons choisi le mauvais type à l’avant (médium, NDLR) : je pense que j’aurais peut-être fait une meilleure course sur le tendre. Mon pneu avant vibrait sur les premiers tours, ce qui ne m'était pas arrivé pendant les essais et je perdais l’avant. J’avais un mauvais feeling et c’est pourquoi je n’ai pas pu tenir le rythme de Márquez (pourtant lui aussi en médium, NDLR)".

"Au final, Dovizioso revenait et j’ai attaqué plus fort que d’habitude dans ce virage et j’ai chuté. C’est dommage parce qu’avec le bon pneu avant je pense que nous aurions eu le potentiel pour nous battre pour la victoire. Nous avons manqué une belle opportunité pour la seconde place au championnat. Je tiens à féliciter Márquez parce que cette année il n’avait pas d’avantage en termes de moto et qu’il a été le plus régulier. Il mérite de remporter ce championnat".

L'analyse Moto-Net.Com : "Avec les Michelin, tout le monde peut perdre le contrôle et chuter. Avec les Bridgestone, ce type de pertes de l'avant ne m'arrivait jamais", pestait Lorenzo après sa violente chute en essais libres 3 qui l'a obligé à passer un scanner du crâne. Le lendemain, le tenant du titre voyait s'envoler ses derniers espoirs de conserver plus longtemps sa couronne en même temps que sa M1 glissait de nouveau dans les graviers japonais...

Force est de constater que rarement Jorge Lorenzo aura autant tâté du bitume, en essais comme en course : en ajoutant le harponnage de Iannone en Catalogne, le n°99 comptabilise trois abandons en 15 manches. Des chutes selon lui directement imputables à Michelin dont le pneu médium (mal) choisi au Japon lui a encore une fois renvoyé de mauvaises vibrations. Mais pour Andrea Doviziosio, placé juste derrière lui au moment de la chute, la glisse de l'avant de Lorenzo résulte plutôt de son écart sur une bande blanche (voir ci-dessus)...

L'autre souci rencontré par Jorge Lorenzo provient sans doute de la détérioration continue de ses relations avec Yamaha, à qui il reproche de bloquer sa transition vers chez Ducati en lui refusant de tester la balle rouge... Le majorquin n'est clairement plus dans son rôle de fer de lance du clan Yamaha, peut-être aussi parce qu'il passe trop de temps à se projeter comme le héros que Ducati et ses fans attendent depuis le départ de Casey Stoner fin 2011 !

Toutes ces préoccupations et ce souci d'adaptation aux Michelin engendrent une situation particulièrement édifiante : Jorge Lorenzo ne n'est plus imposé depuis le GP d'Italie, soit neuf courses et pratiquement cinq mois sans victoire... Et pourtant, comme Rossi, la M1 du n°99 avait sans conteste l'avantage sur un plan technique en début de saison.

Cap sur l'Autralie, sans Stoner ni Pedrosa

La prochaine course MotoGP, le Grand Prix d'Australie, se déroulera le week-end prochain sur l'exaltant circuit de Phillip Island. Le championnat étant plié, chacun aura à coeur de livrer le meilleur, y compris Rossi et Lorenzo qui reprennent au même point leur lutte pour la deuxième place derrière Marquez : 14 points séparaient les deux officiels Yamaha avant le GP du Japon et cet écart n'a pas bougé avec leur double faute !

Du côté des absents, outre le forfait déjà officialisé de Iannone qui sera remplacé par Barbera - et pas Stoner ! - , on peut d'ores et déjà tabler sur celui de Dani Pedrosa, opéré samedi de sa fracture de la clavicule contractée en FP2. Actuellement cinquième au provisoire, le petit catalan va sans doute prendre le temps de soigner sa blessure plutôt que de risquer une aggravation en Australie. Son premier poursuivant, Dovizioso, étant situé 31 points derrière, "Pedro" ne risque pas grand-chose au classement...

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