• L'essentiel
  • -
  • En savoir plus...
MOTOGP - MISANO (13 SUR 18)
Paris, le 14 septembre 2015

Déclarations et analyse du GP de San Marin

Déclarations et analyse du GP de San Marin

Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix de San Marin Moto GP 2015 à Misano.

Imprimer

Analyse du Grand Prix de San Marin 2015

Plus de 90 000 spectateurs (92 315 exactement) avaient fait le déplacement dimanche sur le circuit de Misano pour assister à une étape potentiellement décisive dans le mano a mano opposant le héros local - Valentino Rossi - à son jeune et rapide coéquipier - Jorge Lorenzo - (lire notre Compte rendu détaillé de la course MotoGP et les Déclarations des pilotes).

Quartararo incertain pour Aragon

Relevé avec une fracture à la cheville droite suite à sa chute à Misano lors des essais libres 2, Fabio Quartararo s'est comme prévu fait opérer dans la foulée à Barcelone (Espagne). L'intervention s'est parfaitement déroulée pour le jeune espoir français, qui risque cependant de devoir faire l'impasse sur la prochaine course à Aragon pour laisser à sa blessure le temps de récupérer. Si tel était le cas, "El Diablo" enregistrerait son sixième résultat blanc de la saison...

"Bien que j'aie été très déçu de chuter à Misano, parce que c'est une piste qui me plaisait beaucoup, je me sens bien parce que l'opération s'est très bien passée (...). Avant d'aller en Aragon, je passerai une visite médicale avec le Dr Jimeno afin de voir l'évolution de la chirurgie. Nous allons attendre de voir comment je récupère sur les prochains jours mais honnêtement, mon objectif et celui de l'équipe est de ne pas forcer un retour pour le GP d'Aragón. Nous préférons respecter le processus de récupération afin de revenir en ayant bien récupéré pour le GP du Japon", explique le niçois dont le départ de son actuel team vers l'équipe Leopard est fortement pressenti pour 2016 (lire notre Encadré MNC du 12 septembre)...

Les tribunes du circuit san marinais étaient littéralement pleines à craquer, contrairement à celles désespérément vides du Qatar ou encore d'Indianapolis - qui disparaît du calendrier MotoGP 2016 comme le pressentait fortement MNC en raison de la fréquentation en berne du rendez-vous américain (lire notre Analyse du GP d'Indianapolis 2015)...

Sous tension et s'épiant du coin de l'oeil dès leurs premiers tours de roues sur le nouveau revêtement de Misano, les deux coéquipiers Yamaha négociaient cette treizième manche - sur 18 prévues - avec seulement 12 points d'écart, à l'avantage de l'enfant du pays grâce à sa victoire sous la pluie de Silverstone.

Conscient de son déficit de vitesse sur le sec par rapport au majorquin - réellement bluffant en essais comme en qualifications, record du tracé à la clé -, le n°46 envisageait tous les scénarii possibles pour tenter d'absorber l'impact... En son for intérieur, Rossi devait espérer que Marquez ralentisse Lorenzo et l'empêche de prendre la poudre d'escampette, comme le n°99 l'a déjà fait à cinq reprises cette saison...

De son côté, Lorenzo devait plutôt prier pour que Marquez s'arsouille avec Rossi, sous l'arbitrage de Pedrosa, Iannone et Dovizioso ! Et si chacun de ces derniers pouvaient s'intercaler entre lui et le n°46, ce ne serait que du bonus au championnat !

Finalement, rien de tout cela ne s'est produit : la pluie a complètement redistribué les cartes et aucun des deux officiels Yamaha ne termine sur le podium ! Lorenzo enregistre même son premier résultat blanc de la saison tandis que Rossi - cinquième à 33 secondes (!) du malin vainqueur Marquez - descend du podium pour la première fois depuis le GP du Japon 2014.

Soit une incroyable série de 16 podiums consécutifs pour le Docteur, qui ressort grand gagnant de cette drôle de course durant laquelle il fallait réunir stratégie, talent et audace pour briller. Exactement comme l'ont fait Smith et Redding qui montent sur le podium, mais aussi Loris Baz qui décroche une inespérée quatrième place !

Rossi un peu déçu, mais surtout soulagé !

S'il reconnaît être "resté en piste un peu trop longtemps (avec les pneus pluie, NDLR) et avoir "perdu du temps durant ces deux tours", Rossi se focalise sur l'essentiel : avec la chute de Jorge, j'augmente mon avance au championnat et c'est la chose la plus importante. Bien sûr, faire un podium devant tout ce public aurait été bien. Mais l'objectif c'est le titre et pour ça, ce résultat est essentiel".

Règlement MotoGP 2016 : du nouveau à Misano

Comme presque tous les mois, la Commission Grand Prix s'est réunie pour discuter du règlement MotoGP en 2016, saison à partir de laquelle - rappelons-le - les motos seront équipées non seulement de pneus Michelin mais surtout d'une centrale électronique et de logiciels identiques, mis au point conjointement par Ducati, Honda et Yamaha. Et comme pratiquement chaque mois, la Commission Grand Prix a ajouté une nouvelle ligne à sa complexe réglementation, validant cette fois la demande des constructeurs de pouvoir utiliser leurs propres capteurs additionnels sur leurs prototypes.

"Chaque constructeur pourra choisir un capteur additionnel qui ne sera pas forcément mis à disposition de tous les teams". En théorie, ces capteurs ne serviront qu'à collecter des données supplémentaires "et ne pourront pas avoir d'effet sur le contrôle des stratégies électroniques", assure la Commission avant d'ajouter qu'il y a aura aussi une liste "d'appareils libres qui seront les seuls autres appareils autorisés à communiquer avec l'ECU".

Bref, chaque service course fait pression sur le promoteur Dorna pour conserver une certaine latitude sur le développement technique malgré l'ECU unique, tout en verrouillant l'accès à ses concurrents. A se demander, finalement, si les changements annoncés pour 2016 au niveau électronique vont être réellement être perceptibles...

Enfin, pour entériner la disparition logique de la sous-catégorie Open en 2016, les avantages qui leur sont actuellement accordés sont réaménagés. Parmi eux, la possibilité de réaliser des tests privés avec les pilotes titulaires sera désormais contingentée et accordée à toutes les équipes. Les teams - officiels et privés - auront droit à cinq journées d'essais, avec leurs propres pilotes, sur n'importe quel circuit du calendrier.

En plus de ces nouveaux tests, les constructeurs pourront -comme actuellement - réaliser des séances avec leurs pilotes d'essais, en utilisant l'allocation de pneus prévue à cet effet. En revanche, la règle qui veut que tous les tests soient interdits entre le 1er décembre et le 31 janvier et dans les 14 jours précédant une course sur le même circuit reste inchangée.

Pour autant, en énorme champion qu'il est, le Docteur avoue sans détour avoir eu "envie de pleurer car je voulais vraiment faire mieux à domicile, et j'en avais la possibilité tant sur le sec que sur le mouillé". A 36 ans, Valentino Rossi n'a décidemment rien perdu de cette fougue mêlée de rage de vaincre qui pousse les pilotes à se transcender !

Au point d'ailleurs d'être de plus en plus régulièrement désigné comme le favori pour le titre - son dixième ! - , y compris par d'anciens champions du monde : Mick Doohan admire son longévité et loue sa capacité à rebondir après deux années désastreuses chez Ducati, tandis que Kevin Schwantz l'estime bon, rapide, très expérimenté et cette année il décroche de bons résultats de façon régulière : je crois que c'est à lui que reviendra l'avantage".

Même son compatriote Giacomo Agostini, pourtant menacé de voir son record de 122 victoires en GP battu par Rossi (112 après Silverstone), y va de son compliment : "le championnat du monde est encore ouvert, mais c'est Valentino qui est en tête, pas un pilote quelconque. Un pilote de sa trempe sait comment gérer les courses et ramener des points à domicile. Selon moi, Vale a 80% de chance de remporter le titre", juge l'homme aux 15 titres mondiaux, soit six de plus que Rossi.

Des pronostics flatteurs que l'officiel Yamaha tempère : "il reste cinq épreuves et malheureusement Lorenzo a la capacité de toutes les gagner. Marquez est lui aussi toujours fort, donc il va encore falloir se battre pour prendre des points". Rapide et régulier sans aucun doute, malin sûrement, chanceux un peu aussi, mais surtout lucide et réfléchi : le Valentino Rossi cuvée 2015 est un sacré cru !

Lorenzo y croit encore

Pour Lorenzo, le calcul est désormais assez simple : il compte 23 points d'écart à cinq courses de la fin de saison, donc il doit reprendre environ 5 points par épreuve pour être titré. "Si je remporte les prochaines courses, je peux encore devenir champion du monde, quelle que soit la position à laquelle finira Valentino", note avec ambition le majorquin.

Au regard de son talent et de sa vitesse, le n°99 a effectivement la possibilité de mener à bien cette mission. Mais il lui faudra pour cela faire preuve de plus de constance et de solidité : sa chute à Misano démontre qu'il est moins imperméable à la pression - et à la pluie ! - que le n°46.

"Si j'étais rentré aux stands avant Rossi et qu'il se remettait à pleuvoir, je pouvais tomber et me blesser. Lui pouvait gagner et j'aurais perdu 25 points : voilà pourquoi j'ai décidé de rester en piste. J'aurais probablement dû accorder plus de confiance à ce que le team me panneautait, parce qu'ils regardaient les chronos (et se rendaient donc compte que les pilotes en slicks allaient beaucoup plus vite que ceux en pneus pluie, NDLR). Mais c'est trop tard et ça ne sert à rien de se plaindre. J'ai peut-être fait une faute, la première de mes deux erreurs", admet-il.

Mais c'est surtout sa deuxième erreur qui coûte le plus cher à l'officiel Yamaha, quand il a chuté dans son premier tour avec les pneus slicks : "j'ai eu beaucoup de mal à faire monter le pneu en température et à me réhabituer au feeling du slick. Quand Redding m'a passé si vite, j'ai un peu perdu patience parce que j'avais l'impression d'être trop lent et de devoir accélérer pour ne pas me faire rattraper".

"J'ai 23 points de retard, mais cette année j'en ai déjà rattrapé 29 en quatre courses" rappelle-t-il en faisant référence à sa superbe remontée amorcée après l'Argentine, quand il est revenu à égalité avec Rossi grâce à ses quatre victoires consécutives, suivi d'une troisième place aux Pays-Bas, d'une quatrième en Allemagne et d'une deuxième à Indianapolis, puis d'une nouvelle victoire à Brno.

Marquez revient dans le sillage de Lorenzo

"Cela peut arriver à nouveau et Valentino aussi peut faire des erreurs. Il est évident qu'il va avoir la pression, parce qu'il a désormais plus à perdre qu'à gagner", assure "Jorgueil", tant pour rassurer ses fans que pour se rassurer lui-même...

De l'avis de MNC, si Lorenzo a raison de rester concentré sur sa lutte sur le titre avec Rossi, il ne doit pas pour autant négliger la remontée de Marc Marquez, revenu à 40 longueurs du majorquin ! Le tenant du titre signe à Misano sa quatrième victoire de la saison, et pas des moins importantes : l'espagnol est cette fois parvenu à maîtriser sa fougue et a fait tourner ses neurones au même régime que le V4 de sa Honda !

Comme il le confesse, Marquez a en effet choisi de rester dans le sillage des Yamaha lorsque les pneus pluie ont commencé à sérieusement se dégrader, afin de pouvoir rentrer aux stands "incognito" un tour avant eux. La stratégie était avisée car le n°93 a changé de moto pile au bon moment, laissant ses rivaux tourner au ralenti sur des pneus à l'agonie.

Reste que comme le souligne Rossi, il est nettement plus simple de faire des paris audacieux ou de suivre une stratégie différente quand les enjeux sont moindres. C'est le cas de Marc Marquez, quasiment hors jeu pour le titre avec 63 points de retard sur le leader malgré les 25 récoltés à San Marin...

Smith, Redding et Baz : les autres héros de la course

Même topo pour Bradley Smith, incroyable deuxième de cette course italienne grâce à son pari de rester en pneus slicks alors que la pluie retombait à grosses gouttes : "Smith a fait toute la course en slicks, il a donc pris un grand risque mais il peut le faire parce qu'il ne joue pas le titre", note Rossi, admiratif malgré tout devant la performance du britannique.

L'intéressé, qui monte pour la deuxième fois sur le podium en MotoGP après le GP d'Australie 2014, reconnaît avoir eu de la veine, lui qui prenait pas moins de 22 secondes au tour par les pilotes en pneus pluie au plus fort de l'averse !

"Je n'arrêtais pas de me dire que la chance souriait aux courageux, ce qui m'a encore plus motivé et voilà le résultat !", sourit le n°38, qui fait la fierté de son team manager Hervé Poncharal. "De zéro à héros, la frontière est parfois très mince", soulignait le boss de Tech3 pendant la course, terrorisé par les risques pris par son pilote sur une piste mouillée avec une moto en pneus lisses...

Loris Baz chez Avintia en 2016 ?

Autre héros de ce Grand Prix, le haut-savoyard Loris Baz termine quatrième après avoir bataillé pour le podium avec un Scott Redding déchaîné (troisième malgré une chute !) et enfin à l'aise sur sa RCV Factory. Un réveil un peu tardif pour l'anglais, qui part sur la Ducati Pramac en 2016.

Loris offre de son côté à son team le meilleur résultat de la saison et égale même la meilleure performance réalisée par un pilote Open, en l'occurrence la quatrième place d'Aleix Espargaro lors du GP d'Aragon 2014. Un résultat signé dans les mêmes conditions (course perturbée par la pluie avec changement de moto) et au guidon de la même machine : la M1 Open du team Forward !

Plus fort encore pour "Baz-ooka" : depuis Randy de Puniet au GP de Barcelone 2010, jamais aucun pilote tricolore n'était apparu aussi haut placé en MotoGP ! Loris empoche enfin 13 précieux points qui lui permettent de chiper la tête de la catégorie Open à Hector Barbera, hors des points à Misano.

Une belle récompense pour Loris, qui avait injustement perdu 5 longueurs sur l'espagnol suite au forfait à Indianapolis imposé par les soucis judiciaires de son team. Des problèmes qui ne sont pas à ce jour complètement réglés, raison pour laquelle la présence des pilotes Forward lors de la coûteuse tournée d'outre-mer (Japon, Australie et Malaisie) n'est toujours pas acquise...

Yamaha refusant pour l'instant de reconduire son partenariat avec le team faute de garanties suffisantes pour 2016, l'avenir s'annonce bien sombre pour Forward. Conscient du problème, Loris Baz travaille sur d'autres pistes pour l'an prochain, notamment du côté de chez Ducati-Avintia.

Seul hic : si l'équipe espagnole semble désireuse de travailler avec le géant "bleu-blanc-rouge", il lui faudra pour cela se séparer de l'un de ses actuels pilotes : Hector Barbera ou Mike di Meglio... Au regard de leurs résultats respectifs, l'arrivée de Loris chez Avintia entraînerait vraisemblablement le départ de "Di Meg", par ailleurs moins "bankable" que son coéquipier espagnol.

La prochaine course, le Grand Prix d'Aragon (Espagne), se déroulera sur le circuit Motorland d'Aragon du 25 au 27 septembre. A suivre naturellement sur MNC : restez connectés !

.

Commentaires

Ajouter un commentaire

Identifiez-vous pour publier un commentaire.

.