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MOTOGP - BRNO (11 SUR 18)
Paris, le 17 août 2015

Déclarations et analyse du GP de République tchèque

Déclarations et analyse du GP de République tchèque

Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix de République tchèque Moto GP 2015.

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Déclarations des pilotes et analyse MNC

Jorge Lorenzo, Yamaha-Movistar Factory (1er en qualifs et 1er en course) : "J'étais un peu préoccupé par les conditions de piste parce qu'il faisait plus chaud que ce matin et que nous avions choisi les pneus medium. Avec le réservoir plein, c'était compliqué d'être aussi rapide que lors des essais et la piste glissait aussi davantage après la course Moto2" (à cause la gomme laissée par les Moto2, NDLR).

"Marc a suivi durant cinq ou six tours, puis j'ai pu aller de plus en plus vite, en freinant plus tard, lorsque le réservoir a commencé à se vider. Je crois que ça a été la clé de la course parce que j'ai commencé à aller un dixième plus vite alors que Marc commençait à glisser et à baisser en rythme. Quand j'ai vu que j'avais six dixièmes d'avance, ça a été une bouffée d'air frais et j'ai ensuite pu mieux piloter, en faisant moins d'erreurs, pour accroître mon avance".

"Il était très important de gagner ici, je le savais avant la course et j'avais un peu de pression. Je savais que c'était l'occasion de reprendre plus de points à Rossi qu'à Indianapolis. Je m'attendais aussi à ce que Marc prenne beaucoup de risques et soit là jusqu'à la fin. Mais sur cette piste, il n'a pas pu suivre ou avoir autant de rythme qu'à Indy et c'était mon jour de chance : j'ai pu tenir le rythme alors que mes adversaires n'ont pas pu".

"Il y a les points repris à Vale mais aussi ceux pris sur Marc. Je pense que Marc était l'un des favoris pour le championnat et l'est peut-être encore, mais après cette course ses chances de gagner sont un peu plus faibles. Il va certainement attaquer jusqu'à la fin, sur tous les circuits. Avec Vale, nous recommençons un championnat à partir de zéro, comme à la première course"...

L'analyse Moto-Net.Com : Sur une autre planète dès les premiers essais libres à Brno, Lorenzo n'a fait aucun quartier sur ce circuit fluide et rapide qui fait la part belle à son pilotage coulé (comme, à l'époque, celui de son idole Max Biaggi, détenteur de sept victoires à Brno).

A l'aise malgré les bosses toujours plus présentes, le majorquin est d'ailleurs le seul des "4 fantastiques" à ne pas avoir tâté du bitume tchèque ce week-end, quand Marquez a chuté deux fois et que Pedrosa et Rossi sont tombés suite à une fuite sur la RCV de l'espagnol en FP2.

Comme à chaque fois que toutes ses pièces sont assemblées dans le bon ordre, la "machine Lorenzo" a écrasé l'opposition, remportant sa cinquième victoire de la saison (contre trois pour Rossi et Marquez). Grâce à ce succès - remporté comme les quatre précédents avec les pneus médiums qu'il affectionne -, "Jorgueil" prend les rênes du championnat du monde pour la première fois depuis le Grand Prix du Qatar en... 2013 !

Aussi incroyable que cela puisse paraitre, cela faisait deux ans et demi que le majorquin n'avait pas mené la catégorie reine ! Ravi d'avoir pu prendre sa revanche sur Marquez après s'être fait taxer à trois tours de l'arrivée à Indianapolis, Lorenzo est désormais focalisé sur son duel annoncé pour le titre avec son illustre coéquipier.

Car pour l'officiel Yamaha, l'affaire est entendue : sauf fait de course ou blessure, Marquez n'est pratiquement plus en mesure de défendre son troisième titre. Un point de vue donné en toute franchise et sans prétention, mais qui a évidemment fait grimacer l'intéressé !

Mais Marquez n'est pas idiot : à la régulière, reprendre 52 points sur les sept prochaines courses à des Yamaha Boys en pleine forme est effectivement une mission impossible. Surtout si Pedrosa reste, comme à Indy et Brno, derrière les M1 officielles...

Marc Marquez, Honda-Repsol Factory (2ème en qualifs et en course) : "Jorge était un cran au-dessus aujourd'hui et nous avions déjà vu dès le warm-up que nous étions deux crans en dessous. Pour la course, j'ai essayé de prendre des risques sur les premiers tours et de pousser à la limite"...

"Puis j'ai commencé à avoir des problèmes à l'accélération et je me suis dit qu'il était temps de me soucier de mon avance sur Valentino, car les risques étaient devenus trop élevés. Brno est l'un des circuits sur lesquels j'ai le plus de soucis, l'un des plus difficiles pour les problèmes de Honda et pour mon style de pilotage : nous avons fini deuxièmes et nous pouvons donc en être contents".

"Concernant les pneus, j'ai choisi le pneu arrière dur parce qu'il était impossible d'utiliser le medium avec la Honda (lire notre Point pneumatique à Brno, NDLR). Le pneu medium fonctionnait pendant dix tours, mais ensuite il y avait trop de mouvement. Au final, les choix de pneus ont été complètement différents mais leur niveau était assez similaire pour tout le monde".

L'analyse Moto-Net.Com : Bien qu'il ait signé le meilleur tour en course en 1'56.048 (contre 1'56.169 pour Lorenzo), Marc Marquez n'a pas pu suivre longtemps la cadence infernale de Lorenzo. Comme pendant les essais, l'officiel Honda avait la vitesse sur seulement quelques tours, quand son métronome d'adversaire était en mesure d'en asséner dix de suite dans la même foulée.

Contrairement à Indianapolis et sans réelle surprise, le n°93 n'a pas pu contrer le sprint de Lorenzo, qui termine avec 4 secondes d'avance. Forcément un peu déçu, Marquez relativise en rappelant que la piste tchèque ne lui sourit guère puisqu'il n'y compte "que" deux victoires depuis ses débuts en 2008. Deux succès toutefois remportés en MotoGP : lors de sa première année en 2012, puis en 2013.

Conscient que les 52 points qui le séparent des co-leaders seront très durs à combler, Marquez a pour la première fois implicitement reconnu ne plus être en course pour le titre en avouant désormais "essayer de comprendre quels sont les points faibles de la moto en vue de l'année prochaine"...

En clair, si de son propre aveu le catalan continuera à prendre des risques pour tenter de s'imposer en 2015, il prépare déjà sa revanche pour 2016. Parmi ses objectifs principaux avec le HRC : retrouver un bon équilibre sur la RCV pour lui redonner l'adhérence à l'arrière qui lui fait actuellement défaut est la clé de son retour aux avant-postes.

Valentino Rossi, Yamaha-Movistar Factory (3ème en qualifs et 3ème en course) : "J'espérais faire une meilleure course mais surtout avoir un meilleur rythme. Je savais que ça allait être dur face à Jorge parce qu'il avait été très fort tout le week-end, mais je m'attendais à être plus rapide, plus proche de lui et à la lutte avec Marc. Ça ne s'est malheureusement pas passé comme ça"...

"Mon départ n'a vraiment pas été fantastique et j'ai perdu du temps. Mais plus que le départ, c'est le rythme qui m'a manqué et je n'ai pas réussi à avoir celui que j'avais hier. Je m'attendais à mieux, j'étais en première ligne et j'espérais être plus proche. Nous devrons analyser les données et voir ce qui s'est passé parce que je m'attendais à aller deux ou trois dixièmes plus vite, surtout sur la première partie de la course. Quand on est plus proche, les courses sont plus fun parce que l'on peut essayer de se battre et de comprendre comment aller plus vite".

"Maintenant, cela reste incroyable que nous soyons à égalité au bout de onze courses ! Nous avons eu et nous allons continuer à avoir une belle bagarre. Jorge est revenu de la trêve estivale très fort et il a fait deux excellentes courses, ici mais aussi à Indy, où il s'était battu avec Marc jusqu'au dernier tour. Je sais que je vais devoir être plus fort et plus rapide pour me battre avec lui jusqu'à Valence".

L'analyse Moto-Net.Com : Qualifié en première ligne pour la première fois de la saison depuis sa pole position à Assen, Valentino Rossi a atteint cet objectif après lequel il court régulièrement : sur les 29 dernières courses - les 11 manches 2015 et les 18 de la saison passée -, le Docteur ne n'est qualifié en première ligne que... cinq fois !

Hélas, partir aux côtés de Lorenzo et Marquez ne lui a pas donné l'avantage escompté : Rossi termine à 10 secondes de son coéquipier et à 6 secondes de l'officiel Honda. Quel que soit l'angle sous lequel on considère sa performance, l'analyse ne peut donner qu'un seul résultat : le Docteur s'est fait larguer, comme en témoigne son meilleur tour en course réalisé en 1'56.747, à 7 dixièmes (!) de celui de Marquez et à 6 dixièmes de celui de Lorenzo.

Lucide, le n°46 ne se cherche pas d'excuses, même s'il estimait pouvoir tourner légèrement plus vite. Cependant, les "2 ou 3 dixièmes" supplémentaires qu'il pensait à sa portée n'auraient a priori pas suffi pour accrocher Lorenzo et Marquez...

Interrogé sur la possibilité d'avoir été desservi par son choix de partir en pneus durs (médium avant-arrière pour Lorenzo, médium à l'avant et dur à l'arrière pour Marquez), l'officiel Yamaha s'est montré honnête en répondant par la négative.

"J'ai choisi le plus dur simplement parce que pendant les essais, c'est avec lui que je me suis senti le plus à l'aise sur la moto", développe Rossi, parfaitement conscient aussi de ne pas être au niveau de son coéquipier lorsque leur M1 est chaussée en médium...

"Techniquement, c'est le championnat le plus difficile auquel j'ai pris part", analyse le transalpin de 36 ans, désormais deuxième à égalité de points avec Lorenzo. "Non seulement mes adversaires sont les plus forts que j'aie jamais rencontrés, mais ils sont également plus jeunes d'une à deux générations ! Marquez (22 ans, NDLR) et Lorenzo (28 ans, NDLR) se donnent toujours à 100% et ils pilotent les meilleures motos. Si je les bats, ce sera un gros coup".

Andrea Iannone, Ducati Factory/Open (4ème en qualifs et 4ème en course) : "J'ai remarqué lors du tour de formation que j'avais un souci, le moteur ne poussait pas comme d'habitude. Ce sont des choses qui arrivent et c'est le premier problème de fiabilité dont je suis victime cette saison. Si c'était arrivé pendant les essais ça aurait été mieux, mais c'est comme ça. La GP15 s'est améliorée sous tous les aspects, les problèmes techniques sont devenus plus rares".

"J'estime que ce week-end a été positif. Il était important de réagir après cinq courses où nous avons souffert et nous y sommes parvenus. Nous étions proches des meilleurs, nos performances se sont améliorées. C'est un bon signal pour l'avenir. Je pense que j'ai disputé une bonne course, je suis content de la manière dont je suis capable de piloter et je dirais que c'est le GP où la Ducati m'a le plus plu".

L'analyse Moto-Net.Com : Quatrième à 3 petites secondes de Rossi, Andrea Iannone a réalisé une meilleure course que les précédentes. Reste que s'il termine plus proche de la dernière marche du podium, l'officiel Ducati est encore à 13,071 secondes de la première !

Néanmoins, le n°29 tire un bilan très positif car il estime que sans un souci technique, le podium était à sa portée. Les cornets d'admission de sa Ducati - à hauteur variable comme sur la plupart des motos sportives afin d'améliorer le rendement - se sont en effet bloqués, bridant sensiblement ses performances moteur et notamment sa vitesse de pointe.

En course, l'italien n'est monté "qu'à" 308,9 km/h, à comparer avec les 315,4 km/h atteints par la moto la plus rapide (la Honda de Pedrosa) et aux 314,5 km/h attrapés par son coéquipier Dovizioso. "Nous avons calculé que cela lui a probablement coûté environ 2 dixièmes au tour (soit 4,4 sec sur les 22 tours de course, NDLR)", indique Luigi "Gigi" Dall'Igna, directeur du team Ducati Corse (portrait ci-dessous).

Cette mesure réalisée à la "louche Ducati", si elle se révélait exacte, signifierait que Iannone aurait pu terminer devant Rossi ! Toujours est-il que le n°29 se montre malgré tout enchanté du comportement de sa GP15, sur laquelle son équipe a abaissé la selle pour améliorer sa position.

A noter que contrairement à Dovizioso, Iannone n'a pas utilisé le nouveau moteur - annoncé plus coupleux - et le carénage redessiné dévoilés par Ducati en République tchèque. Pas totalement convaincu par ces changements et s'avouant plus à l'aise sur l'ancienne base, Iannone a demandé à les re-tester cette semaine en tests privés.

Au regard de son résultat et de la place de son coéquipier (6ème à 15,7 sec du vainqueur), le choix du n°4 au championnat - à seulement 17 points de Marquez - semble plutôt avisé !

Dani Pedrosa, Honda-Repsol Factory (9ème en qualifs et 4ème en course) : "Je n'ai pas fait un super départ aujourd'hui, même s'il n'était pas si mauvais. Cependant, quand je suis entré dans le premier virage, Hernandez a piqué violemment à l'intérieur et j'ai dû le contourner. Son coéquipier (Danilo Petrucci, NDLR) en a profité pour me doubler et j'ai perdu du temps".

"Ensuite, mon rythme n'était pas aussi rapide que ce matin, car je n'avais pas un aussi bon feeling avec la moto en raison de souci avec l'avant. C'était très difficile pour moi de composer avec ça, mais j'y suis finalement parvenu et j'ai rattrapé Dovizioso et Iannone".

"Les Ducati sont difficiles à dépasser - en ligne droite, elles sont très rapides -, mais j'ai réussi à passer "Dovi" dans le dernier tour. C'était un week-end difficile, même si aujourd'hui j'ai pu mieux piloter grâce au physiothérapeute et à quelques médicaments".

L'analyse Moto-Net.Com : Diminué par sa chute en FP2 causée par une fuite d'huile de fourche, Dani Pedrosa a serré les dents tout le week-end, sa cheville gauche contusionnée l'empêchant de se mouvoir correctement sur sa RCV.

"C'est très dur lorsque je passe les rapports, en particulier pour rétrograder. Déjà en temps normal, je n'atteins pas très facilement le sélecteur à cause de ma taille. Mais aujourd'hui, étant donné que je ne pouvais pas bouger la cheville, il a fallu que je pilote de façon différente", expliquait le n°26 la veille du départ.

"Cela vaut surtout à l'entrée des virages à droite : il faut que je freine droit sur la moto puis que je rétrograde et que je décale mes fesses sur le côté, et c'est seulement là je commence à tourner. On dirait un débutant !", avoue le catalan, une fois de plus handicapé par son petit gabarit... et par sa poisse qui colle aux semelles de ses Alpinestars !

Grâce à des massages et à une injection d'antidouleurs avant le départ, "Pedro" a cependant pu piloter comme un "pro", mais son rythme était bien en deçà des meilleurs. Malgré la meilleure vitesse de pointe du plateau, l'officiel Honda est resté à quasiment une seconde (0,927 sec) du meilleur tour enregistré par son coéquipier Marc Marquez...

Sans doute faut-il y voir les séquelles psychologiques liées aux circonstances de sa chute, souvent délicates à évacuer puisqu'elles impliquent un dysfonctionnement technique... Pas facile de remonter sur un bolide de 260 ch capable d'atteindre 350 km/h en imaginant qu'un "bête" joint de fourche mal installé puisse envoyer la moto et son pilote au tapis sans crier gare !

Bref, une nouvelle course décevante pour Dani, à qui il devient de plus en plus difficile de prédire une suite de carrière aussi réussie et enrichissante qu'à ses débuts... A l'aube de ses 30 ans (qu'il fêtera le 29 septembre), l'espagnol traverse sa plus mauvaise période en Grands Prix et n'a encore signé aucune victoire depuis le début de la saison.

Certes, son retrait pendant trois courses pour soigner son syndrome des loges impacte fatalement - et négativement - ce bilan. Mais c'est la première fois depuis 2002 que Dani Pedrosa n'a pas gagné au moins un Grand Prix à ce stade du championnat...

L'année dernière, sa seule victoire de la saison fut justement signée à Brno (devant Lorenzo, Rossi et Marquez). Tout un symbole...

Aleix Espargaro, Suzuki Factory-Open (15ème en qualifs et 9ème en course) : "Je ne peux pas dire que je sois heureux de ce week-end parce qu'une fois encore, j'ai lutté pour trouver un bon feeling sur la moto. Certes, le côté positif est que nous avons terminé la course et que nous sommes entrés dans les points, mais globalement nous devons travailler encore plus dur pour progresser".

"Je suis déçu, à la fois à cause du résultat qui est en deçà de nos attentes, mais surtout parce que je ne comprends pas pourquoi nous ne parvenons pas à retrouver la confiance que j'éprouvais au guidon en début de saison. Mon rythme était trop lent et nous devons examiner toutes les données pour comprendre pourquoi nous ne sommes plus aussi performant que nous l'étions".

L'analyse MNC : Après un début de saison prometteur (8ème à Austin, puis 7ème en Argentine et en Espagne), Aleix Espargaro a enchaîné une série noire (trois résultats blancs en France, en Italie et en Catalogne) suivie de courses terminées loin des leaders.

A 26 ans, le logique chef de file du team officiel Suzuki s'avoue perdu dans la mise au point de la nouvelle GSX-RR, sur laquelle il n'a plus le bon mode d'emploi. "Après 6 ou 7 tours, lorsque le pneu perd en performances, je n'arrive pas à conserver la vitesse de passage et l'arrière glisse beaucoup à la ré-accélération", regrette l'espagnol, neuvième à Brno derrière son frère cadet Pol.

Peu satisfait de cette position, le n°41 est surtout très contrarié par les 20 secondes qui le séparent de son frangin... Sans parler de la bagatelle de 43 secondes collées par Lorenzo ! Autre motif de désappointement : l'ancien leader de feu la catégorie CRT est depuis quelques courses dominé par son coéquipier, qui le précède désormais de 9 points au provisoire (Vinales est 11ème avec 62 points et Espargaro le suit avec 53 points).

Brillant 7ème sur la grille, Maverick Vinales a réalisé un début de course exceptionnelle, collant au train de Bradley Smith et Pol Espargaro en lutte pour la 7ème place. Hélas, le jeune rookie a perdu l'avant sur l'une des nombreuses bosses du tracé thèque, son premier abandon en 11 courses.

De toute évidence, l'espagnol a franchi une étape dans sa compréhension de la moto et de la catégorie reine, comme le prouve sa capacité à rester au contact - du moins, temporairement ! - des ultra-abouties M1 Tech3. A cette occasion, MNC a pu constater que la Suzuki disposait d'un châssis bien né, tant le n°25 était à l'aise dans les exigeants enchaînements rapides de Brno. Au moins autant que les Yamaha... et peut-être même plus dans certaines zones.

En revanche, le rapport de forces s'inversait en sortie de courbes : les M1 de Smith et Espargaro s'expulsaient avec fluidité et pratiquement sans patiner, alors que la moto de Vinales le gratifiait de mouvements de l'arrière révélateurs d'un équilibre perfectible ou d'une intervention trop marquée du contrôle de traction. Voire des deux !

Ajoutées au manque de puissance pure du 4-cylindres en ligne Suzuki (encore 10 bons km/h d'écart avec les plus rapides), ces caractéristiques contraignent les pilotes d'Hamamatsu à forcer leur talent. Au risque, comme ce week-end pour Vinales, de franchir la limite et de chuter...

Loris Baz, Yamaha-Forward Open (18ème en qualifs et 15ème en course) : "Je savais qu'il fallait que je revienne sur Barbera, mais en faisant un minimum d'erreurs car ce serait la clé. Je me suis concentré, et moins j'avais d'essence dans le réservoir, plus j'étais à l'aise. J'ai réussi à la fin à trouver l'ouverture sur Nicky et Hector presque en même temps".

"C'était vraiment une super course... avec les deux derniers tours en apnée ! Je me suis vraiment fait plaisir. Je pense que c'est une de mes meilleures courses de l'année. Ce fut une course très complète, j'ai été régulier du début jusqu'à la fin. C'est une belle récompense pour le team et tous les efforts qui ont été faits. Après ce mois de juillet compliqué, c'est bien pour moi comme pour les mécanos de revenir tout de suite en bonne place".

L'analyse Moto-Net.Com : Un retour particulièrement réussi pour Loris Baz, qui efface la déception de ne pas avoir pu rouler à Indianapolis en battant son adversaire principal en Open, Hector Barbera.

Au-delà de la satisfaction d'avoir ramené son écart sur le leader de la catégorie à 5 points - comme au soir du GP d'Allemagne -, le savoyard est surtout ravi du déroulement et de sa gestion de la course, considérée comme l'une de ses meilleures de sa première saison parmi l'élite.

Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, Loris a appris ce week-end que son team avait trouvé des solutions pour continuer à courir sur les trois manches européennes à venir : Silverstone le 30 août, San Marin le 13 septembre et Aragon le 27 septembre.

"Et j'ai entendu dire que la suite de la saison serait confirmée assez vite", confie le n°76. Ce qui signifie que son team Forward - dont le propriétaire Giovanni Cizzuri est sorti de sa détention préventive mais doit encore répondre des accusions de fraude fiscale... - aurait réuni le budget nécessaire pour aborder la traditionnelle et très onéreuse tournée d'outre-mer, avec ses trois courses consécutives en octobre au Japon, en Australie et en Malaisie.

La suite s'annonce plus compliquée pour Forward : même si l'équipe parvient à faire terminer leur saison à ses quatre pilotes (Baz et Corti en MotoGP, Corsi et Baldassari en Moto2), rien n'est encore validé pour 2016 faute de visibilité sur les démêlés judiciaires de Cuzzuri. Sans surprise, cette situation n'est pas sans poser des soucis à Yamaha, fournisseur des M1 Open à Forward...

"Nous ferons en sorte d'aider l'équipe à finir le championnat, mais compte tenu de la situation actuelle, nous ne pouvons bien entendu pas nous engager pour l'avenir", indique Lin Jarvis, directeur du service course de Yamaha, en expliquant que les délais de construction des motos sont déjà "pratiquement dépassés".

Or, dans la mesure où Forward n'est pas capable de régler la note, ni même d'assurer qu'il sera encore présent l'an prochain, Yamaha n'est évidemment pas pressé de lancer la fabrication de motos susceptibles de lui rester sur les bras ! D'où une probable dissolution de son partenariat avec Forward si la situation n'évolue pas...

Mike di Meglio, Ducati-Avintia Open (17ème en qualifs et 18ème en course) : "La course a été très difficile. Durant le premier tiers, la moto avait un comportement très différent mais j'ai essayé de rester calme et de jouer avec l'électronique pour revenir à la normale. Hélas, je n'y suis pas parvenu et il m'a fallu rendre la main à la mi-course".

"Nous connaissons les choses qui peuvent être améliorées sur la moto et nous avons les moyens d'y parvenir. Mais nous devons encore comprendre pourquoi elle se transforme autant lorsque les conditions de piste évoluent".

L'analyse Moto-Net.Com : Comme tous les pilotes Ducati avant lui - dont un certain Rossi ! -, Mike di Meglio a buté sur le caractère imprévisible de sa Desmosedici, très sensible aux changements de conditions de piste comme ce fut le cas ce week-end (bitume beaucoup plus frais en course que pendant les essais).

Grâce au nouveau boss des Rouges, Gigi Dall'Igna, la situation s'est nettement améliorée et la GP15 se montre désormais bien plus homogène et constante que les millésimes antérieurs. Hélas pour Mike, cette progression ne le concerne pas puisqu'il pilote une Ducati de l'an passé, la GP14...

Malgré ses difficultés, le toulousain (ci-dessous à l'assaut du gauche dans lequel Cal Crutchlow vient de chuter, enregistrant son 4ème résultat blanc de la saison) termine à 4 secondes de son coéquipier Hector Barbera, leader de la catégorie Open et lui aussi en délicatesse sur sa Ducati...

"J'ai usé prématurément mes pneus en début de course en tentant de suivre des motos d'usine (les Aprilia de Bautista et Bradl, respectivement 13ème et 14ème à l'arrivée, NDLR) et j'en ai payé les conséquences durant la deuxième partie", explique l'espagnol, 16ème de la course à 1'01 du vainqueur.

La prochaine course, le Grand Prix de Grande-Bretagne, se déroulera sur le circuit de Silverstone du 28 au 30 août. A suivre naturellement sur MNC : restez connectés !

Résultats du Grand Prix MotoGP de République tchèque 2015

  1. Jorge LORENZO Yamaha 42'53.042
  2. Marc MARQUEZ Honda +4.462
  3. Valentino ROSSI Yamaha +10.397
  4. Andrea IANNONE Ducati +13.071
  5. Dani PEDROSA Honda +15.650
  6. Andrea DOVIZIOSO Ducati +15.725
  7. Bradley SMITH Yamaha +21.821
  8. Pol ESPARGARO Yamaha +23.240
  9. Aleix ESPARGARO Suzuki +43.784
  10. Danilo PETRUCCI Ducati +45.261
  11. Yonny HERNANDEZ Ducati +49.973
  12. Scott REDDING Honda +50.174
  13. Alvaro BAUTISTA Aprilia +54.437
  14. Stefan BRADL Aprilia +54.624
  15. Loris BAZ Yamaha Forward +1'00.316
  16. Hector BARBERA Ducati +1'01.595
  17. Nicky HAYDEN Honda +1'02.388
  18. Mike DI MEGLIO Ducati +1'05.944
  19. Jack MILLER Honda +1'11.407
  20. Claudio CORTI Yamaha Forward +1'50.033
  21. Karel ABRAHAM Honda +2'02.655

Non classés

  • Maverick VINALES Suzuki 7 Tours
  • Cal CRUTCHLOW Honda 8 Tours
  • Eugene LAVERTY Honda 18 Tours
  • Alex DE ANGELIS ART 19 Tours
  • Conditions de piste : Dry | Air : 26°C | Humidité: 54%

Classement provisoire du championnat MotoGP 2015

  1. Jorge LORENZO Yamaha SPA 211
  2. Valentino ROSSI Yamaha ITA 211
  3. Marc MARQUEZ Honda SPA 159
  4. Andrea IANNONE Ducati ITA 142
  5. Bradley SMITH Yamaha GBR 106
  6. Andrea DOVIZIOSO Ducati ITA 104
  7. Dani PEDROSA Honda SPA 91
  8. Pol ESPARGARO Yamaha SPA 81
  9. Cal CRUTCHLOW Honda GBR 74
  10. Danilo PETRUCCI Ducati ITA 63
  11. Maverick VINALES Suzuki SPA 62
  12. Aleix ESPARGARO Suzuki SPA 53
  13. Yonny HERNANDEZ Ducati COL 41
  14. Scott REDDING Honda GBR 37
  15. Hector BARBERA Ducati SPA 20
  16. Alvaro BAUTISTA Aprilia SPA 16
  17. Loris BAZ Yamaha Forward FRA 15
  18. Jack MILLER Honda AUS 12
  19. Stefan BRADL Aprilia GER 11
  20. Michele PIRRO Ducati ITA 8
  21. Nicky HAYDEN Honda USA 8
  22. Eugene LAVERTY Honda IRL 7
  23. Hiroshi AOYAMA Honda JPN 5
  24. Mike DI MEGLIO Ducati FRA 2
  25. Alex DE ANGELIS ART RSM 1

Les records MotoGP à Brno

  • Record du meilleur tour en course : 2014 Dani PEDROSA en 1'56.027
  • Record absolu du circuit : 2015 Jorge Lorenzo en 1'54.989

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