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PERSPECTIVES
Paris, le 25 janvier 2012

Contrôle technique moto : Honda prend les devants

Contrôle technique moto : Honda prend les devants

Accusé de vouloir tirer profit du contrôle technique moto suite à une fuite dans la presse, Honda réagit : le constructeur interrogé par Moto-Net.Com se dit ni pour ni contre, mais reconnait préparer son réseau de concessionnaires à cette éventualité.

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Rappel des faits

Temporairement mis de côté par le gouvernement (lire encadré ci-contre), le contrôle technique moto et scooter revient sur le devant de la scène suite à la publication d'une circulaire interne de Honda France par nos confrères de Moto Magazine.

Le contrôle technique moto et sooter

Proposé par l'Union européenne dès le début du siècle (lire MNC du 1er janvier 2000), l'élargissement du contrôle technique aux deux-roues motorisés fait partie des mesures régulièrement prônées par le gouvernement pour améliorer la sécurité des motards et scootéristes français (lire notre Dossier spécial Contrôle technique moto).

Mais sa mise en place bute sur plusieurs écueils (logistiques, économiques et techniques notamment), ainsi que sur la "résistance" exercée par les motards. Le dossier est donc pour le moment toujours en suspens, aussi bien pour les cyclomoteurs de 50 cc que pour les 125 cc et plus, comme nous le confirmait récemment le délégué interministériel à la sécurité routière Jean-Luc Nevache (lire MNC du 24 novembre 2011).

Datée du 11 janvier, cette note interne destinée au réseau de concessionnaires Honda France explique que même si le décret et l'arrêté ministériel concernant la mise en place du contrôle technique des cyclomoteurs (- de 50 cc) sont actuellement "bloqués sur le bureau du premier ministre", les concessionnaires Honda doivent néanmoins en étudier "les opportunités". Et notamment celle consistant à dédier une partie de leur établissement à un centre de contrôle technique dit "auxiliaire"...

Contrairement à ce qui se pratique en automobile, la législation pourrait en effet permettre à un concessionnaire moto et scooter d'exploiter dans les mêmes locaux une concession et un centre de contrôle technique, en créant une nouvelle société exclusivement dédiée à cette activité de contrôle technique. Estimant l'investissement à "moins de 20 000 €", Honda France invite aussi son réseau à "anticiper l'avenir avec l'éventualité de l'arrivée du contrôle technique moto toutes cylindrées".

Ni pour, ni contre

Naturellement, il n'en fallait pas plus pour déchaîner les foudres d'une opinion motarde particulièrement tatillonne sur la question (lire encadré ci-dessous)... Pour certains, en sensibilisant ses concessionnaires au contrôle technique, Honda encouragerait même son application aux deux-roues motorisés en balisant le terrain aux pouvoirs publics !

Pourquoi les motards n'en veulent pas

Rendu obligatoire en automobile par le décret 78-993 du 4 octobre 1978, le contrôle technique a pour but de maintenir le parc roulant français dans un état de fonctionnement optimal grâce à des vérifications régulières de plusieurs points de contrôle (après quatre ans pour une voiture neuve, tous le deux ans ensuite). Dans le principe, l'idée est cohérente dans la mesure où certains n'hésiteraient pas sinon à prendre le volant de véritables "épaves".

Dans ces conditions, pourquoi les motards rejettent-ils en bloc son extension aux deux-roues ? D'une part, parce que les motos bénéficient d'intervalles de révision nettement plus proches qu'en auto : tous les 6000 pour certains deux-roues, au minimum le double en automobile.

D'autre part, les petites vérifications quotidiennes font partie des habitudes de la plupart des motards : c'est une simple question de bon sens, sachant que la moindre défaillance mécanique (pneus sous-gonflés, freins ou kit chaîne usés, etc.) peut avoir des conséquences nettement plus graves qu'en voiture. Le rapport MAIDS publié en 2004 plaide d'ailleurs dans ce sens, puisqu'il indique que seuls 0,7% des accidents de deux-roues motorisés sont directement imputables à une défaillance technique (lire MNC du 2 décembre 2004 : quelles sont les causes des accidents de moto).

Enfin, outre le coût de l'opération, un dernier point explique la réticence des motards à l'encontre du contrôle technique : la crainte que le législateur profite de l'opération pour traquer les motos débridées...

"Honda n'est ni pour, ni contre le contrôle technique deux-roues : nous sommes un constructeur et notre rôle est de concevoir et vendre des deux-roues de qualité, pas de prendre position ou d'oeuvrer en faveur du contrôle technique dont l'application en cyclos, comme en motocycles, est entièrement du ressort du législateur", rétorque Sébastien Pernel, responsable communication Honda France contacté par Moto-Net.Com. "En revanche, il est de notre devoir d'informer notre réseau sur les évolutions possibles de la législation, afin que - dans ce cas précis -, il puisse se préparer à l'éventuelle arrivée du contrôle technique".

Car si Honda se défend aujourd'hui de promouvoir ou d'encourager l'application du contrôle technique moto en France, le constructeur reconnaît garder un oeil attentif sur l'avancée du dossier, histoire de ne pas passer à côté des retombées économiques potentielles.

Une longue phase de "préparation"

"Dans l'éventualité de la confirmation de ce décret, un réseau de contrôle technique serait constitué et il ne nous paraît pas anormal que des professionnels du deux-roues puissent y être associés", indique l'importateur français dans un document intitulé "Droit de réponse" (version intégrale en page suivante) envoyé à la presse moto suite à la diffusion de sa circulaire du 11 janvier.

"Hors contexte, nous comprenons que certaines formulations à caractère commercial dans cette circulaire interne puissent interpeller", précise la filiale française du géant japonais en regrettant que ladite note interne "ait été publiée et commentée sans interroger Honda France au préalable".

"Le contrôle technique ne figure absolument pas en tête de nos priorités actuelles, ni de celles de notre réseau", assure Sébastien Pernel à Moto-Net.Com. "Mais si son application en France devait devenir une réalité, il est normal de s'y préparer".

Les lecteurs de Moto-Net.Com, qui comme chacun sait ont un peu plus de chance que les autres, savent que cette phase de "préparation" ne date pas d'hier pour Honda France : interrogé sur la question en 2008, le responsable du SAV chez Honda Motor Europe South nous confiait qu'il était "difficile d'admettre aujourd'hui que l'automobile soit soumise à un contrôle technique mais pas la moto" (lire MNC du 10 janvier 2008 : contrôle technique, qu'en pensent les principaux acteurs du monde de la moto ?).

Quant à l'ancien DG de Honda Moto en France, Florent Lionnet, il affirmait dès 2007, lors d'un tchat en direct de Tokyo avec les lecteurs de Moto-Net.Com, qu'il "militait pour que le contrôle technique deux-roues soit vite appliqué en France", car "un parc bien entretenu sera gage d'un meilleur respect de l'environnement" (lire MNC du 26 octobre 2007 : la DN01 crée un nouveau segment de marché).

Triumph : shocking !

Logique et somme toute assez prévisible de la part d'une entreprise commerciale, la position de Honda ne fait pas l'unanimité auprès de tous les adeptes de la marque ailée... ni même des autres constructeurs !

Le porte-parole de Triumph France s'est ainsi déclaré "surpris" à la lecture d'une note "envoyée par un constructeur à son réseau, lui demandant de se préparer au contrôle technique, source de futur profit".

"La position de Triumph est limpide à ce sujet : nous sommes contre l'application du contrôle technique et nous sommes mobilisés à la bonne gestion de nos concessionnaires pour qu'ils puissent continuer à investir et à être profitables uniquement avec le développement de la marque", précise la filiale française du constructeur d'Hinckley.

"Nous ne souhaitons pas polémiquer sur ce sujet, car nos intentions ont été mal interprétées - voire détournées - suite à la parution de notre circulaire", rétorque le porte-parole de Honda France interrogé par Moto-Net.Com.

"Cet épisode est d'autant plus regrettable que Honda déploie au contraire beaucoup d'efforts en faveur de ses clients à l'heure actuelle, tant au niveau du positionnement tarifaire très attractif proposé sur plusieurs produits (comme les PCX 125, Hornet 600, CBR1000RR et NC700, NDLR) que sur le prix des pièces détachées", conclut Honda France.

A suivre sur Moto-Net.Com : restez connectés !

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Commentaires

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Pour moi, il manque une info essentielle dans l'analyse que fait moto-net au sujet du rejet du CT par les motards. Je ne suis pas sûr que les automobilistes acceptent plus le CT que les motards. Mais contrairement aux motards, ils n'ont pas su se fédérer massivement, et utilisent très peu les moyens d'information et de communication à leur disposition. Par exemple, on peut considérer que les automobilistes sont environ 10 fois plus nombreux que les motards. Or la presse spécialisée auto a un tirage seulement 3 à 4 fois superieur à la presse moto. Idem pour les sites internet : une grande part des motards frequentent 1 voire plusieurs sites moto, alors que très peu d'automobilistes fréquentent des sites auto. Difficile dans ces conditions d'etre convenablement informé, et encore plus compliqué pour organiser la contestation. Car meme pour le CT auto, il ne faut pas oublier que seuls 20% des vehicules font l'objet d'une contrevisite. Autrement dit, 80% payent un CT pour rien.

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