Désavoué par ses pairs, Christian Estrosi a retiré ce matin son amendement autorisant le 150 sur autoroute. Le point en direct de l'Assemblée où les députés français examinent depuis hier le projet de loi sur la violence routière.
Sans surprise, l'amendement de Christian Estrosi (UMP, Alpes-Maritimes) visant à autoriser le 150 km/h sur certaines autoroutes a eu autant d'effet sur les députés qu'un pétard mouillé. Vaincu d'avance et "à contre courant" selon l'expression utilisée par ses collègues, l'ancien pilote moto a défendu ses amendements du bout des lèvres pour finalement accepter de les retirer avant même qu'ils ne soient soumis au vote. Trop innovantes par rapport à la pensée dominante, les propositions de Christian Estrosi visaient en particulier à porter la vitesse maximale à 150 km/h au lieu de 130 sur certaines autoroutes à trois voies "lorsque les infrastructures le permettent", soit au total à peine quelques centaines de kilomètres sur l'ensemble du territoire (lire Bientôt des autoroutes à 150 km/h ?, Moto-Net du 14 mars 2003).
Christian Estrosi (photo) a qualifié de "formidable hypocrisie" la tolérance permettant actuellement de rouler à 150 au lieu de 130 sans être inquiété. "On doit sanctionner le 131 km/h sur une autoroute à 2 voies et supprimer la tolérance sur les 3 ou 4 voies, tel était l'objet de ma démarche", a-t-il expliqué en citant l'exemple de l'Allemagne, du Montana, du Japon qui vient d'autoriser le 140 sur autoroute et de l'Italie qui s'apprête à passer à 150. Interpellé sur ce point, le ministre des transports Gilles de Robien s'est déclaré "absolument opposé aux tolérances" et a remercié le député pour "son point de vue intéressant". "Mais l'objectif aujourd'hui est de montrer à la France entière qu'il faut respecter les lois existantes", a-t-il précisé en indiquant que la possibilité de "mieux moduler la vitesse en fonction des lieux" serait confiée prochainement au Conseil national de sécurité routière (CNSR). "On prendra peut-être des mesures dans un second temps mais ce n'est pas le moment", a répété le ministre en assurant qu'il avait bien reçu le message : "les vitesses à respecter ne sont pas toujours adaptées au terrain". Le gouvernement devrait par ailleurs instaurer prochainement la notion de "vitesse moyenne" pour pouvoir faire des contrôles entre deux péages autoroutiers.
"Ce qui compte pour moi, c'est ce qui est précisé par le ministre aujourd'hui : il n'y aura plus de tolérance", a conclu Christian Estrosi : "tous les automobilistes doivent savoir qu'à 131 km/h sur autoroute ils sont en infraction. On est sorti de l'hypocrisie, ce qui était mon but. Je retire mon amendement car le débat est ouvert dans le cadre du CNSR sur la révision des normes, à la hausse comme à la baisse. Je m'estime satisfait et je remercie les collègues qui m'ont soutenu car mon amendement a été voté très majoritairement à la commission des lois, par la gauche comme par la droite".
M. Estrosi a également retiré son amendement visant à réduire la vitesse maximale des poids lourds, ainsi que celui permettant de sanctionner les véhicules circulant trop lentement sur la voie de gauche. "Sur 8000 morts sur la route l'an dernier, les poids lourds en ont causé 1000", a calculé le député en estimant qu'il était "fondamental de réfléchir à la modulation de la réglementation existante". Quant aux conducteurs "roulant à moins de 80 km/h sur la 3ème ou la 4ème voie d'une autoroute, ils méritent des sanctions très lourdes car c'est un comportement dangereux et irresponsable". Ces deux points ont eux aussi été renvoyés devant le CNSR... si toutefois il parvient à sortir un jour de sa léthargie ! Rappelons que cette institution, mise en place en grande pompe par l'ex-ministre des transports Jean-Claude Gayssot en 2001, a jusqu'à présent plutôt brillé par sa discrétion...
.
.
.
Commentaires
Ajouter un commentaire
Identifiez-vous pour publier un commentaire.