CBF1000F, Z1000SX ou Fazer8 : trois menus japonais très différents

Le round d'observation ainsi fait, Moto-Net.Com peut à présent accélérer le rythme. Rapidement, la Z1000SX prend la tête du cortège : les 110 Nm dont bénéficie son pilote dès 7800 tr/min laissent littéralement les deux concurrentes sur place, tandis que le tirage ultra court de la poignée d'accélérateur participe grandement à cette sensation de vivacité !

Sur route propre et sèche, la motricité est impériale et la roue avant de la Zed tend à quitter le sol sur les premiers rapports ! En attendant les petits camarades - pas facile de rendre la main tant les accélérations et reprises sont jouissives ! -, on s'aperçoit néanmoins que le train avant reste collé à la route et permet d'attaquer très fort.

Zed sauce Wasabi

Le 4-cylindres Honda manque donc de peps pour suivre la Kawa dans les lignes droites et malgré ses 219 cc supplémentaires, le bloc de la CBF n'arrive pas à se débarrasser de la Fazer... Plus rageur, le moteur de la Yam' n'est que légèrement distancé à mi-régime et reprend même du terrain haut dans les tours.

Les différences constatées sur les fiches techniques se traduisent bel et bien sur la route : pesant 215 kg et développant les 106 chevaux admis par la réglementation française, la Fazer8 marche aussi fort que la CBF1000F, ses 245 kg et ses 98 ch.

Lorsque se profilent les premiers virages, le pilote de la Zed se frotte de nouveau les gants : sur beau revêtement sec, la SX se donne des airs de Ninja ! Assortie au tempérament moteur, la puissance du freinage procuré par les étriers - à montage radial, comme sur les Superbike ! - permet de conserver l'avance creusée sur les deux "adversaires".

En réglage "sortie d'usine", les suspensions de la Z1000SX offrent une excellente tenue de route et permettent de corriger facilement les éventuelles erreurs de trajectoires ou excès de zed zèle ! Il n'y a guère que sur les grosses bosses ou dans de profonds creux que le pilote à casaque verte doit rendre la main.

Fazer aigre-douce

Plus souples, l'amortisseur et la fourche - surtout la fourche ! - de la Yamaha absorbent mieux les irrégularités du sol. Ainsi, sur les départementales délaissées par le Conseil général du coin, la Fazer8 remonte petit à petit sur la Z1000SX...

La tonalité rauque du 800 cc obtenue par la boîte à air incite inconsciemment à remettre du gaz - oh l'excuse ! -, puis à reprendre les freins plus franchement encore. Rapidement, la Yamaha prend donc des airs de cheval à bascule : sans aller jusqu'aux butées, les 130 mm de débattement avant et arrière semblent bien utilisés. Après tout, ce n'est pas pour rien que Denis Bouan a troqué les suspensions d'origine contre des Öhlins pour remporter de nouveau le Moto Tour !

Heureusement, le comportement de la Yam' d'origine demeure sûr : certes, la Fazer demande un peu d'attention en courbe au moment de prendre les freins ou les gaz, mais les motards intéressés par cette moto devraient y trouver leur compte !

Légèrement pénalisée dans les enchaînements rapides de courbes par son empattement supérieur (de 5 cm par rapport à la Z1000SX et de 3,5 cm par rapport à la Fazer8), la CBF1000F quant à elle demeure imperturbable une fois sur l'angle et se comporte parfaitement sur tout type de revêtement.

En toute décontraction, le troisième larron sur sa Honda suit les deux nerveux de tête et attend juste la traversée d'un sous-bois pour surgir devant eux ! Car question freinage, la CBF1000F profite d'une référence sur ce type de machine : l'ABS combiné du numéro un mondial !

Non seulement efficaces et rassurants sur chaussée glissante, les freins de la Honda sont également très agréables à utiliser : en "mode balade", le pilote se plaît à contrôler sa vitesse de la seule pointe du pied droit, qui active le disque arrière mais aussi un piston du disque droit avant.

Le passager appréciera lui aussi grandement la Honda. Outre le freinage à la fois doux et sécurisant, la CBF réserve au copilote le meilleur accueil : selle confortable, repose-pieds bien placés et poignées positionnées en arrière permettant de bien résister aux accélérations et freinages.

CBF aux petits oignons

La Kawasaki se défend étonnamment bien sur ce point : seule la fermeté de la selle peut lui être reprochée, les poignées passager étant presque mieux placées que sur la Honda. En tout cas bien mieux que sur la Yamaha, dont le passager devra obligatoirement se cramponner au pilote, les poignées étant placées trop à la verticale.

Pour tailler la route à deux, on préférera donc la CBF1000F. En solo également, la Honda est la plus apte à abattre de la borne. Remontée au maximum, sa bulle offre la meilleure protection et mis à part quelques grésillements à 6000 tr/min dans les pieds, le confort général est irréprochable.

C'est moins le cas sur la Z1000SX qui émet elle aussi des vibrations à partir de 6000 tr/min, mais au niveau des cuisses puis des mains. Enfin, la Fazer8 fournit également son lot de vibrations aux pieds et aux cuisses, tandis que sa bulle plus fine que les autres et non réglable ne protège pas complètement les épaules et la tête : les plus grands devront se baisser !

De plus, si Yamaha propose un top-case pour les urbains, il est le seul des trois constructeurs à ne pas avoir prévu de valises latérales pour ses clients amateurs de longues virées.

Pour être franc, avant même de monter sur les motos on se doutait un peu qu'il serait délicat de désigner une seule et véritable "gagnante" : certes, ces trois motos sont proches de conception voire de look, mais leurs philosophies, leurs objectifs et leurs comportements diffèrent nettement au final...!

À la lecture de ce nouveau comparatif Moto-Net.Com, les internautes auront donc tranché d'eux-mêmes : "la Honda est terriblement homogène et sans - bonne ni mauvaise - surprise, la Kawa est plus sportive et plus chère, et la Yam' a un moteur aussi rageur que ses suspensions sont molles"...

Difficile de se tromper donc au moment de choisir : à vous de sélectionner le menu qui vous correspond le mieux ! Et bonne appétit route, bien sûr !