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DUEL
Paris, le 6 août 2013

CB1100 Vs XJR1300 : le classique, c'est fantastique !

CB1100 Vs XJR1300 : le classique, c'est fantastique !

L'une est une moto moderne conçue ''à l'ancienne'', l'autre un roadster aux beaux restes devenu un classique. La Honda CB1100 et la Yamaha XJR1300 poursuivent pourtant le même objectif : charmer les motards nostalgiques des sensations d'autrefois. Duel.

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Retour vers le passé...

Relativement fine à l'entrejambe grâce à la forme allongée et la faible contenance de son réservoir (14,6 litres), la CB1100 s'enfourche aisément. Les branches de guidon relevées vers le buste, les cale-pieds bas-placés et l'enfoncement sensible des suspensions sous le poids du pilote annoncent immédiatement la couleur : le programme favorisera la détente à l'arsouille !

Plusieurs détails de conception critiquables - assez rares chez Honda - viennent toutefois ternir le tableau... La selle est tout d'abord franchement inconfortable : quelques dizaines de kilomètres suffisent à mettre en évidence la fermeté de son rembourrage et l'insuffisance de son maintien. Les longues étapes seront obligatoirement ponctuées de "pauses-fesses" !

D'autre part, le réglage d'écartement du frein avant est inaccessible - car placé sous les câbles de l'accélérateur -, tandis que le déploiement de la béquille latérale souffre d'un mauvais positionnement de l'ergot : trop haut, celui-ci n'offre pas suffisamment de bras de levier. Quant à la centrale installée de série, celle de notre modèle d'essai demandait parfois un peu d'aide pour se replier totalement dans son logement...

Enfin, si les poignées passager sous forme d'encoches sous la selle soignent l'esthétisme, ce n'est pas sans conséquences sur le confort et la praticité : creusées à même l'habillage, elles deviennent vite inamicales pour l'extrémité des doigts, tandis que leur petite taille les rend difficilement préhensibles avec de gros gants.

Sur la XJR1300, le passager dispose d'une large et accessible poignée placée dans son dos et surtout d'une assise incomparablement plus moelleuse. C'est un vrai canapé à deux places que la Yamaha propose au pilote et à son invité ! Le tarage des combinés Öhlins étant plutôt du genre souple, le confort perçu à l'arrêt se prolonge en dynamique : les irrégularités du bitume se font à peine sentir, comme sur une bonne moto routière.

En revanche, malgré une hauteur de selle identique (765 mm), la Yam' ne propose pas la même accessibilité que la Honda : les jambes sont plus écartées du fait du moteur et surtout du réservoir plus volumineux (21 litres). La position est aussi un soupçon plus sportive, car les repose-pieds sont plus reculés et le guidon - plus étroit - est légèrement moins relevé.

Comme la CB1100, la XJR1300 dispose de série d'une béquille centrale, qui demande sensiblement plus d'efforts pour être déployée. La Yamaha a beau peser moins lourd que la Honda (245 kg tous pleins faits annoncés contre 248), son embonpoint est plus sensible durant les manipulations à l'arrêt et les déambulations à basse vitesse.

Tirant parti de l'étroitesse de sa monte pneumatique (110 mm à l'avant et 140 à l'arrière contre 120 et 180 mm sur la Yam'), d'une meilleure répartition des masses et d'un centre de gravité situé moins haut, la CB1100 semble peser 50 kg de moins que sa rivale à très faible allure. A l'instar d'une jolie femme, les rondeurs de la Honda ne la desservent pas, car elles sont bien placées !

Dans le rétro... de la Yamaha !

Puis vient le moment de s'intéresser de plus près aux moteurs. Car un roadster rétro, c'est effectivement une gueule, mais c'est aussi (surtout ?) un moulin ! Ici, la recherche de la performance maxi ne constitue pas une fin en soi : les sensations priment sur le rendement, le "coffre" est plus important que la puissance pure et le caractère prend le pas sur la vitesse de pointe.

Considérée à travers ce prisme mécanique, l'entreprise de charme de la CB1100 connait, hélas, un revers... Première déception : la bande-son n'est pas à la hauteur de la plastique de la moto. Comme souvent chez le premier constructeur, le silencieux porte bien son nom tant la sonorité est discrète, presque étouffée. Mais l'aspect le plus frustrant provient de la mélodie en elle-même : le moteur "sonne" comme un 4-cylindres moderne, son feulement évoquant plutôt la CBF1000F que la CB900 Bol d'Or.

S'il brille par sa disponibilité (repartir en cinquième à moins de 1000 tr/mn est une formalité) et ses relances consistantes, le bloc Honda apparaît de manière générale trop policé. L'émotion n'est pas au rendez-vous, la faute à des montées en régime sans panache, car trop linéaires...

Amateurs de "ouate" plus que de "watts", la CB1100 vous comblera : l'injection est parfaitement calibrée, la sélection est précise, tandis que l'incroyable élasticité mécanique autorise une conduite sur le couple très plaisante. Les seules ridules venant troubler cet océan de douceur sont les fourmillements ressentis entre les cuisses à l'accélération et le - très - léger à-coups de transmission perceptible à la reprise du filet de gaz.

Dès le démarrage, le quatre cylindres de la Yamaha éclipse son rival : la XJR1300 s'ébroue dans une tonalité délicieusement rauque, légèrement irrégulière à froid, avant de ronronner puissamment. Au ralenti, les compteurs et les miroirs des rétros (moins efficaces que ceux de la Honda) vibrent joyeusement au rythme des pulsations du moteur. Ces fourmillement s'étendent jusqu'aux poignées et chatouillent ensuite sensiblement les pieds aux alentours de 4000 tr/min.

Malgré ses côtes plus carrées (79 x 63,8 mm contre 73,5 x 67,2 mm pour la CB1100), le bloc Yamaha prend ses tours avec plus d'inertie et offre - en toute logique - plus de frein moteur au rétrogradage. A peine moins souple que sa rivale, la XJR1300 reprend au ralenti à moins de 20 Km/h en cinquième et tourne globalement aux mêmes régimes : à 110 km/h sur le dernier rapport par exemple, le compte-tours de la Honda indique 3750 tr/mn, celui de la Yamaha 4000 tr/min.

Hyper coupleux, son moteur pousse surtout beaucoup plus fort et avec plus de fougue : on jurerait qu'un écart de cylindrée important sépare les deux motos, alors que la Yamaha ne bénéficie "que" d'un avantage de 81 cc (fiches techniques en dernière page) !

Quel que soit le régime ou le rapport engagé (via une boite plus bruyante et un embrayage plus ferme que sur la Honda), la XJR1300 déboîte sa rivale en faisant parler son couple et son allonge supérieurs. Alors que celle de la CB1100 semble stagner à l'assaut des haut-régimes, l'accélération de la Yamaha se renforce en effet quasiment jusqu'à sa rupture située à 10 000 tr/min (9000 sur la Honda).

Tant et si bien que la partie-cycle n'encaisse pas toujours toute cette fougue : en bonne "oldies", la Yamaha n'aime pas être chahutée et dévoile vite ses limites en conduite intensive. Rien à redire sur les plans du freinage et de la stabilité : malgré un relatif manque de consistance à la prise du levier droit, les étriers quatre pistons assurent des ralentissements très convaincants, tandis que les 1500 mm d'empattement (10 mm de plus que sur la Honda) lui confèrent une bonne tenue de cap.

En revanche, les transferts de masses sont moins bien absorbés que sur la Honda, mettant à défaut la cohésion de l'amortissement. Des amortisseurs arrières insuffisamment retenus en hydrauliques sont en grande partie à l'origine de ce phénomène, qui finit par engendrer des dandinements lorsqu'on essore la poignée droite en sortie de courbes. En même temps, vu la santé du moulbif, le train arrière est sacrément mis à contribution dans ces conditions !

Sur la CB1100, la direction moins lourde et l'équilibre plus abouti autorisent des entrées en courbes plus précises et des changements d'angle sans effort. Alors que la Yamaha tend à engager à basse et moyenne vitesse, la Honda est parfaitement neutre sur l'angle et son train avant renvoie plus d'informations.

Confortable, la Honda n'en a pas oublié d'être rigoureuse : son excellent freinage assisté et couplé se dose plus aisément et ses suspensions travaillent de concert du début à la fin d'un virage. Quel dommage qu'une garde au sol digne d'un chopper ne mette un "frein mécanique" à cet excellent potentiel...

Verdict : victoire CB1100, coup de coeur XJR1300 !

Sous ses - beaux - airs d'ancienne, la CB1100 cache des équipements (C-ABS, injection ultramoderne, clé codée, etc.) et un comportement dynamique "modernes". Le résultat est particulièrement convaincant, voire enthousiasmant : non seulement car la moto est aussi belle à regarder qu'agréable à piloter, mais aussi parce que la démarche a quelque chose de rafraichissant...

Non, Honda ne fabrique pas que des deux-roues pragmatiques : la CB1100 en est la preuve, elle qui a été conçue uniquement pour le seul plaisir des sens ! Ses seuls véritables défauts sont à chercher du côté de son (in)confort de selle et de son moteur pas assez expressif. Son tarif nous semble aussi trop élevé (10 990 €) au regard de sa simplicité technologique : la nostalgie se fait cher payer chez le blason ailé...

Moins onéreuse (9 499 €, hors promos sur les millésimes précédents) et autrement plus sensationnelle mécaniquement parlant, la Yamaha XJR1300 s'incline pourtant face à l'homogénéité de sa rivale. Son comportement dynamique plus pataud et moins rigoureux, tout comme l'absence d'ABS trahissent sa conception datée.

Reste un moteur fantastique et une ligne qui vieillit bien : si la tendance au rétro se confirme, Yamaha pourrait même faire regretter à Suzuki et à Kawasaki d'avoir stoppé la production de feu les GSX 1400 et ZRX 1200 !

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CONDITIONS ET PARCOURS

  • Km au départ Honda : 7770 km
  • Km au départ Yamaha : 3350 km
  • Pneus Honda : Bridgestone BT54R
  • Pneus Yamaha : Bridgestone BT023
  • Conso moy Honda : 5,1 à 5,8 l/100km
  • Conso moy Yamaha : 5,3 à 6,1 l/100km
  • Equipement Honda : 100% d'origine
  • Equipement Yamaha : 100% d'origine
  • Parcours : 385 km
  • Routes : ville, voies rapides, réseau secondaire
  • Météo : soleil, 25 à 30°C (l'été, quoi !)
  • Problèmes rencontrés : RAS

POINTS FORTS HONDA CB1100

  • Look réussi
  • Partie-cycle aux (bons) standards actuels
  • Finition et qualité de réalisation flatteuses

POINTS FAIBLES HONDA CB1100

  • Sensations moteur aux abonnés absents
  • Tarif : l'ancien au prix du moderne, bof...
  • Selle inconfortable

POINTS FORTS YAMAHA XJR1300

  • Moteur : un coeur gros comme ça !
  • Confort selle et suspensions
  • Légitimité d'authentique rétro

POINTS FAIBLES YAMAHA XJR1300

  • Poids élevé (au ressenti)
  • Comportement dynamique d'autrefois
  • ABS indisponible

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