On sait que les courses d'endurance sont rigoureusement imprévisibles, même à quelques secondes de la ligne d'arrivée. Et c'est précisément cet incroyable suspens qui fait leur charme et leur intensité, dignes des plus grandes tragédies grecques - ou, selon votre âge, des meilleures séries américaines...
On sait que les courses d'endurance sont rigoureusement imprévisibles, même à quelques secondes de la ligne d'arrivée. Et c'est précisément cet incroyable suspens qui fait leur charme et leur intensité, dignes des plus grandes tragédies grecques - ou, selon votre âge, des meilleures séries américaines...
Rien n'est donc jamais acquis en endurance moto jusqu'au baisser du drapeau à damier, et le team italien X-One vient de le vérifier à ses dépens lors du 74ème Bol d'Or ce week-end à Magny-Cours (lire MNC du 13 septembre 2010 - 15h00 : 3ème victoire consécutive pour le SERT et notre Dossier spécial Bol d'Or 2010)...
Retour sur une mésaventure qui illustre bien les spécificités, les difficultés et les "injustices" - mais aussi la saveur inégalable ! - de l'endurance moto.
Dimanche, 14h59. Alors que le rêve est en train de devenir réalité pour la Yamaha n°199 Bikers' Days menée de main de maître par Gregory Fastre, Raymond Schouten et Marc Fissette, qui s'apprêtent à remporter la catégorie Superstock dans moins d'une minute, deux autres R1 semblent assurées de grimper sur le podium : la R1 n°57 du team LTG 57 avec Kevin Denis, Bastie Mackels et David Perret, 8ème scratch et 2ème Superstock, et la Yamaha n°5 du team X-One aux mains d'Emiliano Bellucci, Jean-Louis Devoyon et Gianluca Vizziello, 10ème scratch et 3ème Superstock.
Le truc de fou que tu ne peux pas croire !!!
Sauf que dans le dernier tour, à l'entrée du virage Adélaïde, les Dieux de l'Endurance ont dû s'absenter quelques instants : la R1 n°5, qui montrait des signes de surchauffe depuis plusieurs heures mais continuait vaille que vaille à défendre chèrement sa peau, décide de jeter brutalement l'éponge...
"En effet, le moteur chauffait suite à la chute d'Emiliano qui nous avait coûté la première place en Superstock", nous confirme Jean-Louis Devoyon, le pilote français de l'équipe. "Emiliano a eu un malaise en ramenant la moto et semblait avoir une fracture, donc nous avons continué à deux avec Gianluca en essayant de défendre tant bien que mal notre place de troisième en Superstock et le top 10 scratch".
"Pendant tout ce temps, nous avons roulé en sous-régime partout pour économiser le moteur", poursuit Jean-Louis interrogé par Moto-Net.Com. "Le voyant de température était en permanence dans le rouge, mais restait stable si nous menagions la moto (pas d'aspiration !), mais dans le dernier tour à Adelaïde le moteur est passé au travers, a fait giclé de l'huile sur les pneus et a provoqué la chute de Gianluca une cinquantaine de secondes avant le drapeau... Le truc de fou que tu ne peux pas croire !!!"
Il ne restait plus alors à Gianluca Vizziello que la possibilité de ramener la moto à la poussette en espérant lui faire franchir la ligne d'arrivée avant la Suzuki n°100 d'Endurance Moto Racing 45, toujours en embuscade à trois tours...
Sauf que là encore, les Dieux de l'Endurance n'était toujours pas disposés... "La moto pissait l'huile de partout et ne pouvait donc pas longer la piste", poursuit Jean-Louis : "Gianluca, qui ne parle pas un mot de français, ne s'est pas compris avec les commissaires qui ont finalement chargé la moto dans le camion pour la ramener, mais sans passer sous le drapeau à damier"...
Tout ça me fait douter, et en même temps relativiser...
"Bien sûr que je suis déçu d'être passé à coté d'un podium au Bol, mais nous avons tous fait notre travail du mieux possible et nous ne pouvions rien faire contre ce paramètre qu'est la malchance", conclut Jean-Louis, philosophe. "Une course de 24 heures est terriblement éprouvante physiquement et nerveusement, mais de mémoire je n'ai aucun exemple d'abandon aussi près du but ! Tous ces efforts pour rien, tous ces tours où j'ai pensé, en regardant le mur à la sortie du 180°, à William Costes (un gars doué et très sympa que j'apprécie beaucoup) et à Raphaël Chèvre (un ex-équipier et un ami proche), qui sont dans sale état à l'heure qu'il est... Tout ça me fait douter, et en même temps relativiser"...
Au classement final, la Suzuki n°100 Endurance Moto 45 de Frédéric Bernon, Julien Diguet et Alexandre Lagrive prend donc une méritoire troisième place du podium Superstock tandis que la Yamaha n°5 de X-One échoue en "non classée" après une course non moins méritoire... Bon courage pour la suite !
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