Vidéos, déclarations et analyse du SBK à Silverstone

Comme en 2007, la météo anglaise a sacrément pimenté la manche anglaise du World Superbike. Les lecteurs de Moto-Net.Com - qui comme chacun sait, ont un peu plus de chance que les autres - se souviennent en effet que l'épreuve de World Superbike qui s'était tenue il y a cinq ans à Silverstone avait été particulièrement humide !

Un peu trop à vrai dire, puisque la seconde manche de la catégorie SBK avait du être annulée pour cause d'inondations. "La première portion était pleine d'eau, or quand on arrive dans la chicane, c'est en cinquième et on ne contrôle rien en cas d'aquaplanning : ce serait une bêtise", analysait alors Troy Bayliss, vainqueur d'une première manche déjà copieusement arrosée (lire MNC du 28 mai 2007 : Il pleut, il pleut Bayliss...).

Écartée du calendrier WSBK les deux années suivantes au bénéfice de Brands Hatch - bien plus apprécié des pilotes soit dit en passant -, l'ancienne base aérienne de la Royal Air Force est réapparue au programme en 2010. Cette édition restera d'ailleurs gravée dans la mémoire des fans anglais puisque les deux podiums avaient été trustés par leurs pilotes (et même le Top 5 en seconde manche, lire MNC du 3 août 2012).

Rappelons qu'il s'agissait cette année-là de l'unique occasion offerte aux Anglais, Gallois et Irlandais - pas d'Ecossais - de briller devant leur public ! Or en 2012, les courses de la manche "européenne" à Donington Park avaient déjà bien gâté les supporters de Rea, Sykes et autre Haslam (lire MNC du 14 mai 2012).

Mais les belles prestations des pilotes britanniques lors de leur premier passage sur leurs terres ne permettent certainement pas d'expliquer leurs contre-performances d'hier à Silverstone ! Plutôt qu'un improbable manque de motivation, on invoquera tantôt la précipitation, tantôt la malchance.

C'est par où Waterloo ?

Leon Camier notamment, a été victime des deux maux ! Le week-end avait pourtant fort bien débuté pour le pilote Suzuki : meilleur temps des essais sur le sec et deuxième meilleur chrono de la Superpole, on pensait le champion de Superbike britannique (2009) capable de revenir aux avant-postes.

C'est d'ailleurs ce que le n°2 du team anglais Suzuki Fixi Crescent a réussi à faire en première manche... jusqu'à ce qu'il dépasse la limite de son Pirelli arrière et termine au tapis, cédant sa deuxième place à Fabrizio ! En deuxième manche, c'est un problème moteur qui a entrainé Leon dans les graviers et l'a contraint à l'abandon : Fu** !

Ainsi le pauvre "Kamir" repart de Silverstone avec une bulle, sa première d'une saison passée à squatter le seuil du Top 10. La déception est d'autant plus grande pour son team basé en Angleterre que son autre pilote, vice-champion du British Superbike 2011 et auteur de la Superpole en WSBK l'an dernier, ne fait pas beaucoup mieux...

En effet, John Hopkins a lui aussi manqué de réussite : victime d'un souci électrique en première manche - qu'il ne termine pas du coup -, le n°21 n'a pas été récompensé de sa grande prudence en seconde manche, les pilotes tombés devant lui durant les deux derniers tours effectués sous le déluge étant finalement réintégrés au classement.

La décision prise par la direction de course de remonter au 8ème tour pour élaborer le classement final de la seconde manche a d'ailleurs desservi deux autres sujets de sa Majesté Elizabeth II : "Eugene Laverty et moi-même aurions du nous retrouver 2ème et 3ème dans le parc fermé si les règles étaient claires", tempêtait hier soir Chaz Davies...

"Au lieu de çà, ce sont deux gars partis à la faute qui y sont allés", concluait le Gallois sur son Tweet officiel. Chez les British toujours, Haslam aurait sans doute préféré que l'on stoppe la seconde manche dès le 7ème tour, puisque c'est dans la boucle suivante que le pilote BMW s'est étalé...

Reparti en 17ème et dernière position, le fiston de Ron Haslam n'a pas marqué le moindre demi point hier après-midi (les points ont été divisés par deux pour la "courte manche") et doit se contenter des 10 points de sa 6ème place décrochée quelques heures plus tôt...

Tom Sykes repart de Silverstone avec le même nombre de points (8+2) mais la sensation d'inachevé est plus grande encore pour le pilote Kawasaki. Particulièrement remonté envers les commissaires de course qui ont tardé à lever le drapeau rouge, le Ninja n°66 conserve tout de même de justesse sa troisième place au classement général !

Au final, Jonathan Rea s'avère être le meilleur représentant britannique sur ses terres. Le pilote Honda, victorieux la semaine dernière des 8 Heures de Suzuka (lire MNC du 31 juillet 2012), inscrit 16,5 points sur les deux manches. Ce score lui permet de distancer encore un peu plus Leon Haslam au classement provisoire, et de ne pas céder de terrain face à Carlos Checa...

Car le champion du monde en titre s'est montré particulièrement bon sur une piste pourtant méconnaissable par rapport à l'an dernier, sur laquelle l'Espagnol avait empoché le doublé (lire MNC du 3 août 2012) !

Les cadors bousculés

Hier, le Toro n°7 a usé de tout son talent et de l'exploitabilité de son bicylindre pour prendre les commandes sur la piste quasi-sèche de début de première manche. Inquiet lorsque les premières gouttes sont apparues sur son écran, Carlos a préféré rendre la main, quitte à laisser passer ses adversaires...

Sous la pluie battante, Checa a ensuite fait preuve d'un immense sang froid et évité scrupuleusement tous les pièges, à la différence de son meilleur ennemi Biaggi par exemple, éjecté en fin de parcours par une bête ligne blanche...

En toute fin de course, le vieux l'expérimenté Catalan se mêlait à nouveau à des jeunes aux dents si longues qu'elles en ont littéralement rayé le tarmac : Rea et Badovini ont franchi la ligne d'arrivée sur les fesses ! Un peu plus est Checa montait sur le podium...

Mais Carlos n'a pas été parfait pour autant - nul ne l'a été hier ! - puisqu'il fait partie, à l'instar de Rea, Smrz, Berger, Baz et Sykes (!), des repêchés de la seconde manche. Surpris par la piste "gras-mouillée", le champion 2011 a lui aussi abimé sa jolie moto, mais ne s'est heureusement pas fait de bobo !

Max Biaggi, on l'a vu, s'est fait avoir en élargissant un soupçon plus que d'habitude dans un gauche du dernier tour, l'électronique de l'Aprilia n'ayant rien pu faire pour rattraper la glisse du pneu arrière. Refroidi par cette mésaventure, et plus encore par les traces multicolores parsemant le circuit, le champion 2010 n'obtient qu'une 11ème place en seconde manche, synonyme de 2,5 points seulement.

Des quatre hommes forts du championnat, seul Marco Melandri est parvenu à rentrer à "bon port" avec une 7ème puis une 8ème place, que l'on peut qualifier de solides : les 13 points du célébrissime n°33 lui permettent de combler de moitié l'écart qui le séparait de l'Empereur Romain et du trône 2012 du WSBK... Mamma mia !

Comme souvent dans ces conditions extrêmement difficiles, pour ne pas dire dangereuses, les outsiders ont tiré leur épingle du jeu. Les pilotes du team BMW Italia comptent parmi cette catégorie : Michel Fabrizio et Ayrton Badovini ont simultanément atteint un Top 5 dont les deux Italiens étaient jusqu'à présent bannis !

Mais les plus forts hier étaient incontestablement les Français, en forme "olympic" malgré les averses "titanic" qui ont balayé le circuit "britannic" ! Premier à faire retentir la Marseillaise hier, Loris Baz a continué sur sa formidable lancée tchèque (lire MNC du 23 juillet 2012)...

Après avoir goutté au champagne sur le podium de Brno - il a le droit, il a 19 ans... -, notre Bazooka national a frappé un grand coup en dominant cette fois l'in-té-gra-li-té du plateau World Superbike en première manche à Silverstone !

Et un, et deux, et trois héros !

Le retour du Géant Vert sur la piste anglaise pour la seconde manche a été tout aussi explosif : défiant les éléments, Baz a de nouveau surclassé tous ses adversaires - sans exception - signant le meilleur chrono en course dans le 6ème tour et passant tout près du traditionnel doublé (Crutchlow en 2010, Checa en 2011)...

Crédité au final de la deuxième place derrière Sylvain Guintoli, Loris Baz réalise de loin de la meilleure performance du week-end, et parallèlement la meilleure pour un pilote Kawasaki cette saison. Les Japonais lui pardonneront volontiers sa chute... et lui offriront un contrat pour l'an prochain ?

Ce week-end était également marquée par la contre-attaque de Sylvain Guintoli. Après avoir parié sur un mauvais pneu en première manche, la nouvelle recrue du team Ducati Pata est partie le couteau serré entre les dents en seconde manche !

Tant et si bien qu'en deux révolutions seulement, le Drômois bénéficiait d'une incroyable avance de 10 (dix) secondes sur le peloton ! Seule à suivre le rythme de la Ducati n°50 - toute blanche désormais -, la Ducati n°96 de Jakub Smrz suivait à une bonne seconde.

"Guinters" Himself n'en a pas cru ses yeux : on remercie au passage Brett McCormick - le pilote canadien qui a effectué vendredi ses premiers tours à Silverstone depuis son terrible accident à Assen - pour le cliché posté sur Twitter sur lequel on peut voir les yeux écarquillés de notre grand Syl' !

En Supersport, Jules Cluzel a employé une méthode radicalement opposée mais tout aussi efficace : dans la roue de Sam Lowes durant toute la course, le Coq Supersportif a jailli dans le dernier tour pour subtiliser la victoire au local de l'étape Sam Lowes !

Les deux frères ennemis - tous deux sont les poulains du team manager Simon Buckmaster - en profitent pour remonter sur un Kenan Sofuoglu qualifié à une lointaine 10ème place, bien parti à l'extinction des feux mais 17ème à l'issue du premier tour suite à une sortie de piste...

Grâce à ses 25 points récoltés sous le soleil (si si !), Cluzel remonte à 14 longueurs de Lowes et 28 de Sofuoglu. Accessoirement, il prouve à ses détracteurs - ceux lassés par ses chutes en Moto2 - qu'il est un grand, un très grand pilote !

Même la FFM y va de son petit communiqué ! Après un bref rappel des exploits de Baz, Cluzel et Guintoli dimanche, la Fédération tient également à souligner "la seconde place de Jérémy Guarnoni qui était à un souffle de la victoire en Coupe du Monde Superstock 1000 cc".

"Ce week-end est à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la vitesse française en Superbike mondial qui n’avait jamais atteint un tel niveau de performance. Souhaitons à nos pilotes de continuer sur cette voie pour la fin de la saison, conclue les responsables de la Fédé que les trois Marseillaises ont rendue fada... et nous avec !