Deuil : Robert Doron (Paris Nord Moto) nous a quittés

La moto française est en deuil. Robert Doron, charismatique boss de la concession Paris Nord Moto (93), est décédé dimanche matin lors de la sixième manche des Coupes de France Promosport organisée sur le circuit de Magny-Cours (58).

Très connu et apprécié dans le monde de la moto en France, "Bob" - comme le surnommaient ses amis - a chuté hier alors qu'il concourait en catégorie "Promo Senior".

"Je ferai comme Moliėre, je vais mourir sur scène"

Agé de 66 ans, le concessionnaire Aprilia, Can-Am, Gilera, Honda, Kawasaki, MV Agusta, Moto Guzzi et Vespa ne s'est malheureusement pas relevé...

Les hommages affluent de toutes part pour saluer ce grand bonhomme de la moto, fin entrepreneur, éternel compétiteur, authentique passionné de moto en général et de sport moto en particulier.

Nous en relayons certains afin que nos lecteurs saisissent - un peu - mieux l'apport de Monsieur Doron à notre passion commune.

MNC s'associe à la douleur de sa famille et de ses proches...

Fédération française de motocyclisme

Robert Doron était un passionné de sport moto, qu’il pratiquait avec toujours autant d’enthousiasme depuis près de 40 ans.

C’était également un homme d’entreprise. Parti d’un petit garage situé dans un simple pavillon à la fin des années 70, il était devenu au fil des années l’un des plus importants concessionnaires français. Son magasin Paris Nord Moto à Aulnay-sous-Bois était connu par de très nombreux motards parisiens.

Dimanche matin à Magny-Cours, son amour du sport moto l’a emporté à 66 ans lors d’une course des Coupes de France Promosport Sénior, dont il était l’un des piliers.

Au revoir Robert, la Fédération et son président avec qui tu étais proche ne t’oublieront pas. 

Fabrice Cesbron, président de la branche 2 roues du CNPA

La vie nous apprend beaucoup mais jamais elle ne nous prépare à une perte si difficile et ce dimanche 7 août 2016 restera gravé dans nos mémoires à l'annonce du décès de Robert Doron.

Les mots ne suffisent pas pour exprimer l'immense tristesse qui nous accable. Un grand choc pour tous ceux qui ont eu la grande chance de côtoyer ce passionné de la moto. Un grand Homme au grand coeur, un homme entreprenant, juste et profondément humain nous quitte.

Fondateur de la branche 2 roues au sein du CNPA, ce visionnaire était un vice président très actif, n'hésitant pas à donner de son temps pour le bénéfice de toute une profession.

Car bien que menant ses affaires en professionnel avisé (il avait créé Paris Nord Moto en 1986), il n'a eu de cesse de s'investir dans l'univers de la moto et de faire progresser les conditions de chacun (il représentait également le CNPA en tant qu'administrateur de l'INCM).

C'est une figure unique qui nous quitte, grand par sa présence et son aura.

Et c'est le coeur lourd que nous adressons notre soutien, nos sincères condoléances à sa famille et ses proches pour celui qui demeurera un être exceptionnel.

Eric de Seynes, DG Yamaha Europe

Aujourd'hui est un bien triste jour pour la moto. Robert Doron, Bob, ne s'est pas relevé de l'accident dans lequel il a été impliqué au départ de sa course à Magny-cours ce matin.

Bob était un ami de la moto, un vrai, un pur, un sincère. Comme beaucoup d'autres, j'ai eu ce privilège de partager des moments forts avec Bob, de nouer une amitié simple et précieuse. Notre passion commune était un ciment formidable et le fait que Paris Nord Moto ne distribue pas Yamaha rendait nos échanges directs, sans fioritures, bruts de sincérité. On a partagé de nombreuses idées, certains projets, on était pas pressés.

On avait le temps, la vie devant nous, avec cette passion qui porte toujours autant... Nous aurions dû faire le Moto Tour ensemble en 2009 (Robert avait remporté la catégorie Classiques, NDLR) sur des 900 Bol d'Or préparés par Branquard, mais je suis revenu chez Yamaha...

Nous partagions des idées sur la distribution de demain, le service à apporter au client.. Robert était un compétiteur, un homme de parole et de projets. Un vrai bâtisseur, qui emmenait les marques qui lui faisaient confiance, mais aussi un meneur hors pair, toujours attentif aux hommes. Il était dénicheur de talents : un homme recommandé par Robert était nécessairement un talent en puissance. J'ai appliqué et cela a toujours fonctionné.

Robert faisait et fera toujours partie des Grands monsieurs de la moto en France. Il a tant fait pour elle que sa réussite professionnelle n'était qu'un juste retour de son implication, de son investissement personnel pour la moto. Aujourd'hui le monde de la moto perd un de ses grands hommes, et comme beaucoup je perds un ami.

Mes pensées les plus affectueuses se tournent évidemment vers sa famille et ses neveux, amis dans ce jour, décidément bien triste. 

Dominique Méliand, patron du SERT

A toi Robert

On comprend la douleur éprouvée par la disparition d’un proche. Celle d’un ami, qui plus est celui d’un grand bonhomme de la moto, concessionnaire et pilote, oblige une pause en ces moments estivaux.

Robert croquait la vie "motarde" à pleines dents. Grand pro commercial mais aussi grand "teigneux", dans le bon sens du terme, quand on parlait compétition. Il savait modestement ne pas être un champion du monde mais il vivait pleinement cette passion et cette sage "hargne" que l’on retrouve chez tous les pilotes. Il avait gardé ce coup de guidon qu’il entretenait avec ses potes par monts et circuits.

Je le rencontrais de temps en temps au travers des conventions mais aussi lors des épreuves d’endurance ou il n’avait de cesse, en me vannant, de me faire remarquer le petit manager que je suis pour ne pas l’engager comme pilote au sein du Team. Bien sûr, ces discutions se terminaient par une partie de fou rire, le tout autour d’un verre.

Selon la formule consacrée, Robert, tu nous as lâchés trop tôt. Un pro, rieur, blagueur, bon vivant, un peu aventurier, je vais manquer de qualificatifs. Plus simplement, tu as choisi ta vie, tu as pleinement vécu ta vie, je te dois un grand respect pour tout cela.

Une grosse pensée pour les proches, la famille. C’est un moment au combien difficile duquel il faudra extraire et garder tous les très bons moments de cette vie trop courte mais bien remplie.

Au revoir Robert

Pascal Raspo, "polytechnicien" moto

Il faisait partie de mes Amis depuis plus de 30 ans et le restera pour toujours... Dans une de nos discussions après mon accident sur le circuit de la Châtre, nous avions évoqué la possibilité de stopper la piste. Il m'avait alors rétorqué avec son petit sourire en coin que l'on connaît tous si bien "Mon Raspo, je ferai comme Moliėre, je vais mourir sur scène". Adieu Bob... 

Marc Troussard, pilote MNC

"Bob" était un bonhomme au caractère bien trempé, passionné à fond. C'est dans son équipe "officielle" que MNC avait participé au Dark Dog Moto Tour 2009 aux côtés de Jehan D'orgeix et ça avait été une sacrée aventure, comme d'hab' au Moto Tour ! Bob avait été aux petits soins pour moi et ça reste un de mes meilleurs souvenirs de rallye...

Auparavant je le connaissais "comme ça", sans plus, jusqu'à ce jour de l'été 2009 : mon téléphone sonne alors que j'étais profondément installé dans mon canapé après avoir annoncé à mon épouse que "cette année, je ne ferai pas le Moto-Tour, je resterai avec toi ma chérie". Au bout du fil : Robert Doron.

- "Salut Marcus, ça te dirait de faire le DDMT tous frais payés dans le team officiel Aprilia ?"

Si j'avais décidé de ne pas le faire, c'était surtout par manque de motivation et un peu aussi de moyens, mais là ça changeait la donne...

- "Ben... Ca dépend, sur quelle moto ?"

- "La nouvelle RSV4... Je t'explique : j'ai deux RSV4 officielles à faire rouler, une avec Jehan D'Orgeix et l'autre qui devait être pilotée par Benjamin Colliaux, mais ce dernier vient de se blesser assez gravement à Alès et je n'ai pas le temps de trouver un autre top pilote, alors je préfère que tu viennes toi, au moins tu sera au sein de l'équipe pour faire le reportage du DDMT dans Moto-Net.Com".
- "C'est sûr que c'est alléchant, mais tu sais, le temps que je m'habitue à ce genre de moto, le DDMT sera terminé et je risque d'être à la rue aux classements !"
- "Ah, OK" me répondit-il, mais tout en tenant compte de ma remarque, Robert n'avait maintenant qu'une idée en tête : me faire rouler !
- "Et si je te mets une Dorsoduro à disposition, ça t'irait ?"

Sans hésiter une seconde, oubliant la promesse que je venais de faire à ma tendre épouse, je conclus immédiatement :

- "Alors là, pas de problème Robert, marché conclu ! Tu peux me compter comme deuxième pilote dans ton équipe".

L'aventure était lancée et elle m'a permis de partager des moments mémorables dans une équipe soudée, gérée par un vrai patron dévoué qui savait mener sa barque à la perfection... Tu vas manquer à beaucoup de monde, Bob.

Alain Brochery, producteur (X-Roadster, Grande fête nationale de la moto, etc.)

Partagé entre une culpabilité égoïste et une tristesse incommensurable, alors que la famille de Robert est dans la peine, la vraie, la profonde, le souffrance du bide, la souffrance liée au sang familial.

L'heure est aux hommages, mais très vite va s'installer la dure réalité de la vie, de son économie, de ses règles juridiques... La montagne qui se dresse devant sa famille et plus particulièrement de son fils est impressionnante, puissante, et tellement fragile...

Que va-t-il se passer demain matin dès l'ouverture... Nous souhaitons beaucoup de courage à toute l'équipe, qu'elle se rassemble, qu'elle s’investisse, qu'elle fasse corps avec son fils, qu'elle le soutienne, et si un ou plusieurs concessionnaires à la retraite souhaitent offrir la main à son fils, qu'ils n'hésitent pas à lui faire savoir, il décidera, mais espérons tous que l’oeuvre de Bob ne devienne pas une proie juridique... Imaginons un instant ce que serait sa réaction de savoir que le milieu est présent... Ne lui devons-nous pas ce minimum... Car les choses vont se passer très vite, la marge que le temps va laisser est minime... Clairement, d'ici quelques jours les choses vont se durcir et il n'y aura pas de cadeaux... Alors puissants ou pas... les larmes doivent soutenir et aider, aussi, à fixer un objectif humain. La fraternité commence par des mots, certes, mais si elle s'arrête là ou elle devrait naître... 

Christian Lacroix, ancien concessionnaire

Quelle tristesse, j'apprends le décès de Robert Doron.

Bob, tu étais mon boss à Aulnay, puis tu m'a confié l'ouverture de ton second magasin Suzuki à Champigny, Paris Est Moto, avec une super équipe : Lionel, Bruno, et aussi un locataire motard, Laurent Cochet. Un super souvenir comme ça me viens de suite à l'esprit : la Namibie. Encore un grand Monsieur de la moto nous quitte. Je présente à son fils et à toute sa famille mes sincères condoléances.

Thierry Boyer, concessionnaire

Depuis prés de 15 ans on se croisait sur les paddocks, sur le Moto Tour ou dans les conventions et réunions de concessionnaires. On c'est même croisés vite fait vendredi a Magny-Cours ! Nous n'étions pas vraiment amis, mais on se respectait simplement et on avait toujours plaisir à discuter ensemble, soit de nos casse-couilles de pilotes respectifs - qu'il adorait au fond -, soit de la pression des constructeurs toujours plus forte, ou bien tout simplement de moto, le seul truc qui le passionnait vraiment...

Aujourd'hui les Alain Cottard, Jean-Marc Deletang, Pierre Chapuis, Jean-Marie Evrard et j'en oublie, tous ces mecs engagés personnellement en compétition et qui font beaucoup plus que de vendre des motos, on a tous la gueule de bois de ce qui c'est passé dimanche matin, alors voila, bizarrement ce matin j'ai les boules... Tchao Robert, tu vas nous manquer.

Jérôme Paye, pilote

Effondré d'apprendre le décès de Robert Doron, "Bob" pour tous les gens du milieu. L'homme qui m'a permis par l'intermédiaire des Moto Tour faits à ces côtés de rentrer dans le Team SRC. J'ai perdu mon papa moto ce jour ! Mes pensées vont bien sûr à sa famille et ces amis ! RIP mon Bob.

Clément Villet, directeur de la division deux-roues Yamaha Motor Europe

Salut Bob et merci pour tout...

Robert,

Comme beaucoup, j’ai été bouleversé d’apprendre que tu nous avais quitté ce matin à Magny-Cours. Même si comme tous tes amis, je sais que tu es parti en allant au bout de ta passion pour la moto et pour la course, je n’ai pu retenir mes larmes lorsque j’ai reçu ce malheureux coup de téléphone.

Malgré notre amitié fidèle et nos contacts réguliers, je ne peux m’empêcher de me dire que je ne t’ai peut-être pas suffisamment remercié pour ce que tu avais fait pour moi. Je te dois donc quelques mots...

Tu te souviens peut-être de ce jour d’’octobre 2001 où je me rendais chez Paris Nord Moto pour une simple révision de ma moto. Alors que je t’expliquais que je cherchais à changer de boulot et que j’espérais secrètement que tu me proposes de venir travailler à tes côtés, tu m’avais fait attendre deux heures, le temps de baisser le rideau de ta concession afin que nous puissions discuter calmement. A ma grande surprise, tu m’avais demandé si j’avais la fibre commerciale et m’avait immédiatement proposé de me recommander chez Aprilia auprès du DG de l’époque. Je t’entends encore : "fais ton CV, envoie-le, le patron m’appellera et je lui dirai qu’il faut te prendre !" Deux jours plus tard, à 24 ans et sans aucune autre référence que ma passion de la moto, je me retrouvais commercial chez Aprilia France en charge de la Région Nord ! Un an se passe et me voilà responsable de la Région Parisienne. Devenu ton interlocuteur pour la marque de Noale, je me souviens de cette longue négociation pour parvenir à prendre en commande quelques motos au cours de laquelle tu avais levé la tête en me disant : "C’est le monde à l’envers, je te vendais des motos et maintenant c’est moi qui te les achète, allez, je te les prends tes trois RSV1000 !"

Depuis ce jour-là, tu as toujours eu un oeil attentif sur mon chemin professionnel et tes conseils ont été précieux. A mesure que je me forgeais une expérience dans le monde de la moto, je réalisais à quel point tu étais hors normes... Autodidacte, tu avais une capacité rare à comprendre à la fois les enjeux des constructeurs et ceux de ta profession de concessionnaire. Cela faisait de toi un personnage à part dans notre industrie, apprécié et surtout respecté.

Ce soir, je repense aussi à notre premier contact. Tu ne t’en souviens sans doute pas. C’était un lundi et alors que toutes les concessions que j’avais tenté d’appeler étaient fermées, tu avais répondu au téléphone alors que ton magasin était censé être également fermé. Tandis que je rêvais d’une Ducati 916, je te demandais s’il était possible d’en essayer une et tu me proposais immédiatement de venir essayer ta moto de démonstration le lendemain entre 7 heures 30 et 8 heures du matin ! Outre un bon de commande que tu n’avais pas eu trop de mal à me faire signer, je ne me doutais pas que cet essai matinal serait le début d’une belle amitié et que notre rencontre marquerait ma vie si profondément...

Robert, tu aimais la moto avec une force et une passion rares et tu ne manquais jamais l’occasion de faire quelques tours de circuit, que ce soit en compétition où lors des différents roulages où tu étais invité pour essayer les nouveautés des marques que tu distribuais. Je revois ton petit sourire en fin de journée lors d’une opération réseau au Mans. Tu m’avais dit "prends une moto, viens avec moi, on refait 4 tours !" Tu parles, on s’était tiré la bourre pendant 20 tours avant que le voyant d’essence ne nous arrête ! J’étais littéralement vidé et je me souviens m’être dit que je m’étais fait taper par un type qui avait exactement deux fois mon âge !

Tu étais une force de la nature Robert ! Je m’en étais également rendu compte lorsque j’avais eu la chance de participer au Moto Tour 2006 au sein du Team Paris Nord Moto. Je te revois faire ta mécanique sur ta KH 400 jusque tard dans la nuit et, après à peine trois heures de sommeil, prendre le départ de la liaison au petit matin avec une fraîcheur et une énergie déconcertantes ! Je ne te remercierai jamais assez de m’avoir proposé de faire mon assistance pour participer à cette course car hormis la chance formidable de partager une semaine de course avec toi, c’est au cours de cette semaine que j’ai eu l’occasion de me rapprocher d’Eric de Seynes. A ce moment-là, j’étais loin de me douter que trois ans plus tard, une fois encore Bob, tu allais être ma bonne étoile !

Tandis que je venais de quitter Honda France pour aller retrouver ma femme expatriée en Suède, tu me dis : "J’ai eu Eric au téléphone, je lui ai dit que tu avais quitté Honda, il veut te voir !" Quelques entretiens plus tard, Eric de Seynes, tout juste de retour chez Yamaha Motor France, me proposait de le rejoindre. Je t’entends encore : "Il faut que tu ailles chez les Bleus, Eric est un vraiment un super mec, tu ne peux pas refuser d’aller travailler avec lui !" Alors que nous venions de tout plaquer pour partir vivre en Suède, si tu avais vu la tête de ma femme lorsque je lui ai dit qu’on me proposait de rentrer chez Yamaha... En décidant de finalement rebrousser chemin et d’accepter la proposition d’Eric, je ne me doutais pas que l’aventure serait si belle et si passionnante ! Le comble de cette histoire, c’est que c’est donc en partie grâce à toi que depuis bientôt sept ans j’ai la chance immense de faire partie de la famille Yamaha tandis que toi, tu n’auras jamais été concessionnaire Yamaha !

Alors voilà, je voudrais te remercier du fond du coeur pour ce que tu as fait pour moi, car c’est grâce à toi que j’ai aujourd’hui la chance de faire un métier passionnant et d’évoluer dans un univers professionnel qui m’apporte tant. Je t’en serai à jamais reconnaissant.

Ce soir, je pense bien entendu à ta famille et à toute l’équipe de Paris Nord Moto mais aussi à tous les pilotes que tu as aidés et aux nombreux professionnels de la moto que tu as formés. Tous te portent haut dans leur coeur. Ton énergie et ta passion vont nous manquer.