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INTERVIEW
Paris, le 1er février 2016

Dominique Li Pat Yuen (Suzuki) : la GSX-S1000 nous a donné satisfaction

Dominique Li Pat Yuen (Suzuki) : la GSX-S1000 nous a donné satisfaction

Avec 9961 immatriculations, Suzuki affiche une baisse de -4,2% sur le marché moto français. Dominique Li Pat Yuen, responsable marketing et communication Suzuki France, établit pour MNC son bilan 2015 et dévoile ses objectifs pour 2016. Interview.

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Moto-Net.Com : Considérez-vous que l'annonce de la fin de la loi des 100 chevaux a eu un effet néfaste sur le marché en général et sur vos résultats en particulier ?
Dominique Li Pat Yuen, responsable marketing et communication Suzuki France :
Dans l'absolu, il faut considérer cette annonce comme une bonne nouvelle car cela fait plus de 30 ans que les motards français font l'objet d'une discrimination par rapport à leurs homologues européens. Nous aurons donc le plaisir de découvrir les Suzuki dans leur configuration d'origine et légale sur les routes françaises. Ce qui a été dommageable et agaçant, c'est la manière dont s'est orchestrée la sortie de cette loi avec des effets d'annonce qui durent depuis plus d'un an, jetant le trouble pour les passionnés de moto. Donc forcément devant cette non-prise de décision concernant les modalités et la date de sortie de cette loi castratrice, certains clients ont préféré ne pas prendre de risque et reporter leur achat à 2016 pour être sûr de pouvoir rouler sur leur moto en full power. C'était d'autant plus sensible sur nos résultats, puisque nos nouveautés principales en 2015 étaient les GSX-S1000 et GSX-S1000F qui développent 145 chevaux. Heureusement, beaucoup de clients ont quand même choisi de rouler immédiatement avec nos GSX-S1000 qui offrent déjà beaucoup de sensations en version française. Après, l'impact reste mesuré car il ne faut pas oublier que les motos de plus de 100 ch ne constituent pas la majorité de notre marché. Concernant Suzuki, les motos de plus de 100 ch concernent nos roadsters mais surtout notre gamme de GSX-R qui représente des volumes moins importants que les roadsters de moyenne cylindrée ou les trails. Enfin, les motards sont plus matures et les envies de puissance ultime et de vitesse maximale d'une époque ont laissé place aux sensations et au plaisir pur.

MNC : Va-t-elle au contraire doper l'activité en 2016 ?
D. LPY. :
Mécaniquement, l'année 2016 devrait bénéficier des reports d'achats de 2015. Concernant la GSX-R, les ventes ne devraient pas être impactées car les clients vont surveiller de près l'arrivée de la nouvelle GSX-R1000. Pour l'Hayabusa, les ventes devraient être stables car les clients n'ont pas attendu la libération des 100 ch pour rouler librement. Notre activité bénéficiera surtout de l'arrivée de la nouvelle SV650 qui repositionnera Suzuki en termes de volumes et de parts de marché sur le segment des roadsters d'entrée de gamme.

MNC : La tenue du Salon de Paris fin 2015 peut-elle aussi stimuler le marché en début d'année ?
D. LPY. :
Pour être très réaliste, les années "salon" ne sont pas meilleures en résultat absolu. Cet événement extrêmement important est avant tout un salon d'image qui nous permet d'aller à la rencontre de nos clients pour partager notre passion de la moto. Il est pertinent d'y présenter en exclusivité française les nouveautés qui vont animer la saison suivante, mais le salon de la moto n'est pas marchand et ne déclenche pas de ventes.

MNC : Comment interprétez-vous le succès actuel des motos "néo-rétros" ?
D. LPY. :
Cela correspond à une tendance globale dans notre société. Dans le milieu de la mode, de l'automobile, de la musique, le vintage a une vraie place et représente un vrai marché. Beaucoup y investissent et cela permet de continuer à "consommer" différemment. Evidemment le secteur de la moto n'échappe pas à cette demande de retrouver des designs et des styles d'une autre époque, mais chacun souhaite bénéficier des technologies de maintenant. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour laquelle nous avons choisi d'importer le VanVan 200 en Europe. Après le succès incontesté du 125, nous avions de plus en plus de demandes sur une version plus polyvalente de cette petite moto à succès et le 200 existant déjà au Japon, nous ne nous sommes pas privés de pouvoir contenter ces quelques passionnés de moto vintage.

MNC : Quel est votre avis sur l'interdiction des motos d'avant 2000 dans Paris à partir de cet été ?
D. LPY. :
Dans l'absolu, personne ne peut contester le fait de vivre dans un environnement plus sain pour une meilleure santé. Encore une fois, les deux-roues motorisés ne sont pas appréciés à leurs justes spécificités. Aujourd'hui, personne ne peut contester que les deux-roues participent à la fluidification du trafic, au désengorgement des métropoles, tout en offrant un moyen de locomotion accessible et libre. Ce qui est dommage, c'est qu'encore une fois les usagers vont subir une contrainte supplémentaire en plus de l'impossibilité de se garer, le durcissement du permis de conduire, le gilet jaune, etc.

MNC : Que vous inspire l'évolution globale du marché français du motocycle en 2015 ?
D. LPY. :
Le marché reste globalement stable avec un léger recul pour le marché des grosses cylindrées et une croissance confirmée pour le marché des 125. On a l'impression de se répéter depuis quelques saisons déjà, mais nous ne retrouvons toujours pas d'embellie pour le marché du deux-roues car la France fait toujours l'objet d'une crise de confiance et les contraintes légales sont toujours plus présentes. Alors que nos confrères européens bénéficient d'une économie qui repart à hausse et d'un marché de la moto qui se redéveloppe, nous peinons en France à relancer l'activité économique et la moto fait donc partie de ce qui est sacrifié dans le budget des ménages. Malgré tout, il faut continuer à proposer des nouveautés et à rester dynamique sur un marché qui cultive la passion plus que tout.

MNC : Quel bilan dressez-vous pour votre marque en 125 et en gros cubes ?
D. LPY. :
En 125, nous stabilisons globalement les ventes avec les Burgman 125 et le VanVan 125 qui connait plus de demandes que d'offres. Le marché du scooter 125 a été très concurrencé et le Burgman 125 a dû faire face à des concurrents de taille. Mais il continue à rencontrer un beau succès en magasin et reste une valeur sûre. L'Address a connu une bonne première saison et a rencontré son public rapidement.

En gros cubes, nous sécurisons les volumes sur un marché tiraillé par la loi des 100 ch. Nous venons de fêter les 30 ans du mythe GSX-R et les clients ont répondu présent à l'événement anniversaire qui lui était consacré. La GSX-R1000 se positionne toujours sur le podium des sportives les plus vendues en France. Sa remplaçante annonce le retour de Suzuki au sommet de la catégorie. Chez les roadsters, nous avons accueilli la très attendue GSX-S1000 qui s'est imposée dans tous les comparatifs et a été le gros roadster (de 1000 cc, NDLR) le plus vendu en France. La GSR750 continue ses performances et la Gladius a réalisé une fin de carrière honorable. La famille des trails Suzuki s'est agrandie en 2015 avec la V-Strom 650XT qui propose une version baroudeuse de la V-Strom 650, dynamisant ainsi le segment des trails de moyenne cylindrée. La V-Strom 1000 continue ses bonnes performances pour sa deuxième année de commercialisation et se positionne comme l'une des références. Enfin côté scooter, le Burgman reste une référence et demeure le leader des scooters premium et GT.

MNC : Quels modèles ont particulièrement bien fonctionné cette année?
D. LPY. :
L'Address a dépassé nos espérances. Nous sommes sur un marché où le rapport qualité / prix est extrêmement important et à moins de 2000 euros, il se positionnait comme une alternative pertinente aux transports en commun ou à l'automobile en ville. La GSX-S1000 nous a apportés satisfaction. C'est une excellente moto, une usine à sensations qui propose un package extrêmement homogène entre utilisation quotidienne et fougue mécanique. Cette moto a rapidement trouvé ses fans qui n'ont pas attendu le retrait de la loi des 100 ch pour se l'approprier. Elle est aujourd'hui le leader de son segment (celui des 1000 cc, les R nineT et R1200R sont devant, NDLR).

MNC : Quels sont ceux qui sont restés en retrait ? Pourquoi ?
D. LPY. :
L'Hayabusa est en retrait. Aujourd'hui le marché des motos sportivo-GT à hautes performances est en perte de vitesse car les mentalités ont changé et les motards expérimentés ne sont plus en quête de performances ultimes. Malgré tout, nous restons positionnés sur ce segment qui représente notre fer de lance technologique et qui cultive une image emblématique.

MNC : Vos nouveautés 2015 ont-elles atteint leurs objectifs commerciaux ?
D. LPY. :
Oui pour les GSX-S1000 et 1000F qui ont connu un très beau succès pour une moto arrivée tardivement sur un marché perturbé par la transition de la loi 100 ch. L'Address a dépassé nos objectifs, considérant que le marché des 100/110cc est une niche. Enfin, la V-Strom 650XT a été victime de son succès et nous n'avons pas réussi à fournir notre clientèle en quantité suffisante.

MNC : Quelle a été la bonne surprise de votre année 2015 ? Et la moins bonne ?
D. LPY. :
La bonne surprise était le retour de Suzuki en MotoGP. Personne n'attendait la GSX-RR à cette position et cela montre que l'usine a réellement la volonté de gagner en MotoGP et a mis les moyens pour offrir une moto bien née à Aleix Espargaro et Maverick Vinales. Pour une première année, nous avons réussi à nous battre régulièrement contre des motos d'usine et même à assurer une pole position et une seconde place sur la grille de départ du Grand Prix de Catalogne. L'autre bonne surprise est la 14ème couronne mondiale du SERT en championnat du monde d'endurance. La GSX-R1000 marche encore très fort et l'équipe officielle Suzuki menée par Dominique Méliand a prouvé que la GSX-R1000 continue de damner le pion à des motos plus récentes.

MNC : Quel a été selon vous l'événement marquant de l'année 2015 dans le monde du deux-roues ?
D. LPY. :
L'événement est la libération de la loi des 100 ch qui devenait une aberration. A l'heure où nos politiques clament les règles européennes à tout va, il devenait nécessaire que les motos vendues en France bénéficient du même traitement que nos homologues frontaliers. Il n'a jamais été prouvé que la puissance impactait directement l'accidentologie et cela revenait à considérer que nos motards français étaient moins responsables que les autres. Nous allons pouvoir laisser nos clients profiter de leur moto dans leur configuration d'origine et faire des heureux.

MNC : Quelles sont vos bonnes résolutions pour l'année 2016 ?
D. LPY. :
La première résolution sera de maintenir le cap sur un marché qui sera peut-être plus difficile. Entre le passage des motos en full power, la disponibilité et l'arrivée des modèles Euro4 et la gestion des stocks en conséquence, la saison ne sera pas évidente. Il sera donc impératif de pouvoir stabiliser les ventes, tout comme notre réseau que nous continuerons à soutenir. En termes de communication, nous sommes toujours en phase de modernisation de notre image et nous multiplierons les opportunités de nous rapprocher de nos clients, sur les événements mais aussi à travers notre programme de fidélité "Ma Suzuki".

MNC : Quels sont vos grands rendez-vous 2016 ?
D. LPY. :
Nous serons présents sur les 24 Heures du Mans bien entendu, qui va relancer une saison 2016 palpitante où notre titre sera remis en jeu. Nous serons également au Bol d'Or. Le Grand Prix de France MotoGP sera aussi un moment phare car la tribune des fans Suzuki située dans le virage de la Chapelle sera le lieu de rassemblement privilégié pour supporter Maverick Vinales et Aleix Espargaro. Nous continuons les Week-Ends V-Strom et la Suzuki Academie qui sera sous une nouvelle formule, avec du roulage ou du stage, pour les clients Suzuki et les autres motards. Enfin coté cross, nous continuerons pour la deuxième année consécutive le Trophée Diable Jaune.

MNC : Pour conclure, qu'a commandé Suzuki au Père Noël cette année ?
D. LPY. :
De la bonne humeur et de l'enthousiasme pour aider le marché et les ventes de Suzuki, des podiums en MotoGP pour la GSX-RR et une 15ème couronne mondiale en Endurance.

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