Essai Suzuki GSX-S1000F : cherche motard sportif, touriste s'abstenir !

Arrivé très tardivement sur le segment des maxiroadsters, Suzuki dispose aujourd'hui d'une moto tout à fait pertinente. La preuve ? La GSX-S1000 est sortie gagnante du comparatif 100% japonais organisé par Moto-Net.Com le mois dernier (lire notre MNC du 26 juin 2015 : Honda CB1000R Vs Kawasaki Z1000 Vs Suzuki GSX-S1000).

Face à ses compatriotes, la nouvelle Suz' avait fait valoir son moteur expressif issu de la GSX-R1000 de 2005, sa partie cycle conciliante et efficace, son équipement complet (contrôle de traction de série, ABS en option à 500 €), son allure musclée et son tarif calqué sur celui de la référence que nous nommerons "Z"...

En complément de cette version originale, la firme d'Hamamatsu propose également une VF : "Version Fairing" ("carénage" en anglais), à ne pas confondre avec la version française, bridée à 100 chevaux pour quelques mois encore !

Nommée GSX-S1000F, cette nouvelle Suzuki est extrêmement proche de la GSX-S1000 "tout court" (relire notre Point technique Suzuki GSX-S1000). Son habillage entend séduire les motards expérimentés - le moteur développe toujours 145 ch ! - lassés par les inconfortables sportives mais toujours avides de sensations fortes... en solitaire.

Car les ingénieurs Suzuki sont formels : la déclinaison carénée de leur roadster n'a rien d'une GT, ni même d'une routière sportive, contrairement à une certaine rivale que nous appellerons "SX"... Dans le cahier des charges de la Suz' figurait clairement en tête "les sorties sportives du dimanche".

"La GSX-S1000F est presque aussi sportive que la GSX-R et tout aussi efficace que la GSX-S, la stabilité et la protection du carénage en plus", résume l'ingénieur en chef Shinishi Sahara. "C'est une vraie sportive, mais davantage orientée vers la route que la R... D'où notre présence sur l'Ile de Man".

Pour la petite histoire, nos hôtes soulignent que "c'est ici, en 1960, que Suzuki a disputé sa première compétition en dehors du Japon". Et c'est sur une Suzuki 50 cc que Mitsuo Itoh est devenu le seul pilote japonais à remporter une course du TT trois ans plus tard...

Les notions de duo ou de longs trajets ont à peine été abordées... et ça se voit ! Mis à part le carénage et son double optique, les modifications apportées sur la F sont minimes, voire imperceptibles : il faut un sens de l'observation très développé pour noter l'apparition de rétroviseurs plus aérodynamique et esthétiques.

Ce sens doit être plus aigu encore pour remarquer les différences de réglages de suspensions effectués à la sortie de l'usine : un peu moins d'huile dans la fourche et un clic de moins en précharge au niveau de l'amortisseur arrière. Pas de quoi fouetter un chat Manx, en somme...

Les gros rouleurs qui prévoyaient de lointains voyages à deux vont être déçus : la routière sportive sportive de route Suzuki ne possède pas de poignées passager, n'est pas équipée de selles plus confortables que celles du roadster et ne propose pas de valises ni de top-case dans son catalogue d'accessoires.

Les sportifs, quant à eux, pourront reprocher à la GSX-S1000F sa bouille de "Piaf"... Pas Édith, non, le Piaf, ce petit oiseau jaune de Dan Salel ! Les phares et veilleuses évoquent - du moins au sein de la rédac' MNC - les grands yeux et petites bajoues du volatile rendu célèbre par sa série de cartes postales et ses innombrables produits dérivés.

Rien à voir donc, avec l'allure de faucon pèlerin - "Hayabusa" en japonais - donnée à la GSX-R1300, ou l'optique en forme de rapace de la "Gex Mille"... Sous certains angles même, en raison de ses optiques placés particulièrement bas, la GSX-S1000F a de faux-airs de scooteur, horreur, malheur !

Si les goûts diffèrent, le coût est le même pour tout le monde : pour bénéficier du carénage, les clients devront débourser 600 euros de plus que pour le roadster, soit 12 099 € (ABS +500 € également). Le poids tous pleins faits augmente de 5 kg à 212 kg (ABS +2 kg).

Mais "lorsque la moto est lancée à 200 km/h, le carénage augmente de 20 kg l'appui sur le train avant", nous signale le chef des pilotes essayeurs européens, Jürgen Plaschka. "De quoi négocier les courbes plus rapidement et plus sereinement. Vous verrez demain !", conclut-il sa présentation à la veille de notre essai.

Comme convenu, Moto-Net.Com s'installe dès le lendemain matin aux commandes de la GSX-S1000F, tout excité à l'idée de rouler sur les traces de Joey Dunlop, l'indétrônable "King of the Moutain"... Contact, moteur, action !