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MOTOGP - ARAGON (14 SUR 18)
Paris, le 29 septembre 2014

Déclarations et analyse du GP d'Aragon MotoGP

Déclarations et analyse du GP d'Aragon MotoGP

Après chaque course Moto GP, retrouvez les déclarations des principaux pilotes de la catégorie reine et l'analyse de leurs succès (et de leurs échecs) par la rédaction de Moto-Net.Com. Débriefing du Grand Prix d'Aragon MotoGP 2014 à Alcaniz.

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Foire d'empoigne météo !

Débutée sous un ciel chargé mais dans des conditions séchantes puis sèches pendant les courses Moto3 et Moto2, la journée de courses à Aragon s'est terminée sous la pluie, tombée à grosses gouttes durant la dernière partie du Grand Prix MotoGP (lire nos résumés des courses Moto GP, Moto2 et Moto3 à Aragon)...

Tour à tour, les hommes forts du championnat sont partis à la faute en cherchant à flirter avec les limites de l'adhérence de leurs pneus slicks. D'abord Rossi, victime d'une brutale perte de l'avant sur le gazon synthétique, puis Pedrosa et Marquez, entraînés au tapis du fait de leur obstination à vouloir poursuivre leur mano a mano en slicks sur une piste trempée.

Dovizioso, enfin, partira à la faute dans le dernier tour sur la nouvelle Ducati "GP14.2", pendant que son coéquipier Cal Crutchlow jouait littéralement des coudes avec Aleix Espargaro pour tenter - en vain - de lui chiper la deuxième place. Un seul pilote parmi les cracks est resté sur ses roues : Jorge Lorenzo, premier surpris de terminer le week-end en vainqueur !

Jorge Lorenzo, Yamaha Factory (7ème en qualifs et 1er en course) : "Quelle course, c'était incroyable ! Tout ce qui pouvait arriver est arrivé. La journée a été très positive et il fallait rester très concentré dans ces conditions. Il était difficile de savoir quand changer de moto et nous avons eu de la chance. Au départ sur le sec, j'ai donné tout ce que je pouvais pour rester avec Marc. J'y suis parvenu car avec les températures plus fraîches, j'avais de meilleures sensations par rapport à hier. Je savais que je pouvais être un peu plus rapide et dès le tour de chauffe, j'ai compris que la moto marchait bien. Je pouvais freiner fort et conserver une bonne vitesse de passage en courbe".

"J'ai pu être rapide dans les courbes et je n'étais pas content de voir la pluie arriver parce que j'ai dû ralentir, car je n'avais plus confiance dans mon train arrière et les Honda sont parties. Je devais me contenter de finir troisième ou quatrième... J'ai ensuite vu mon pit-board et je me suis rendu compte que les chronos ralentissaient beaucoup trop ! Et puis, j'ai eu une sorte d'intuition : j'ai compris que les conditions allaient continuer à se dégrader et que tôt ou tard, nous finirions par tomber. J'ai changé de moto et j'étais à l'aise sur piste mouillée. Je suis ensuite resté concentré car ça glissait dans chaque virage et je n'avais pas le droit de chuter car il s'agissait d'une trop belle occasion de gagner !"

"Avant la course, nous discutions avec le team et nous pensions finir troisièmes. Nous n'avions jamais pensé à gagner. Mais la pluie est finalement arrivée, il y a eu des chutes et nous avons eu un peu de chance malgré tous les problèmes que nous avions eus. C'est aussi le GP de Movistar (le géant de la téléphonie espagnole, sponsor-titre du Grand Prix d'Aragon, NDLR), donc le circuit parfait pour que nous gagnions !"

L'analyse Moto-Net.Com : Après une première partie de saison marquée par la malchance, le doute et de mauvais choix stratégiques, la réussite sourit enfin de nouveau à Jorge Lorenzo. Car lors du Grand Prix d'Aragon, comme lors de chaque course perturbée par la pluie, c'était un peu la loterie et le Majorquin a hérité du ticket gagnant !

Reconnaissant lui-même avoir eu un coup de pouce du destin, Lorenzo est rentré au bon moment aux stands, tandis que les Honda officielles poursuivaient leur duel en prenant des risques mal calculés. Pour autant, cette première victoire en treize courses de l'officiel Yamaha (sa dernière remonte à la finale à Valence en 2013 !) n'est pas due qu'à la chance.

Même s'il est naturellement plus facile d'appréhender la situation après coup, la nécessité de changer de moto était en effet une évidence à ce stade de la course. Lorenzo l'a parfaitement compris en notant la baisse anormale du rythme : les conditions ne permettaient plus de poursuivre en slicks, des pneus incapables d'évacuer l'eau faute de rainures et qui ont besoin d'être maintenus à température pour offrir du grip.

"Avec les slicks, on ne pouvait prendre aucun angle et on ne pouvait ouvrir l'accélérateur qu'à 10%, donc on aurait fini quatre tours derrière les autres en continuant", confirme Lorenzo, toujours quatrième au classement provisoire mais désormais revenu à seulement 12 et 15 points de Rossi et Pedrosa grâce à sa victoire et aux contreperformances de ses rivaux.

Aleix Espargaro, Yamaha Open NGM Forwards (10ème en qualifs et 2ème en course) : "Je suis vraiment fier de ma course, ce n'était pas facile ! Nous avions complètement changé la moto et nous ne l'avions pas testée lors du warm-up. Je me suis fait percuter par Smith dans le troisième virage et j'étais avec les derniers quand j'ai passé la ligne. J'ai dû doubler beaucoup de pilotes. Je suis remonté jusqu'à être sixième, mais la pluie est ensuite arrivée et nous étions de plus en plus lents. La pluie ne s'est pas arrêtée et la piste était de plus en plus mouillée. J'ai changé de moto un tour avant tout le monde, et ça a été clé".

"C'était un peu étrange parce que j'avais des problèmes avec ma visière et que je n'y voyais rien. Je devais me concentrer à fond. A la fin, j'ai entendu le moteur de Cal et je me suis dit "Oh non !" alors j'ai sorti les coudes pour l'arrêter ! Il n'a pas pu changer de vitesse parce que nous nous sommes touchés et nous avons donc eu un peu de chance parce que la Ducati est beaucoup plus puissante. Ces cinq derniers tours ont été les plus longs de toute ma carrière. C'est génial pour le team, je tiens à les remercier, ainsi que ma famille".

L'analyse Moto-Net.Com : Comme Lorenzo, Aleix Espargaro n'en revenait pas de terminer aussi bien placé à l'arrivée et de devenir au passage le premier pilote Open à monter sur le podium. Bien inspiré de changer de moto avant tout le monde, le futur pilote Suzuki - l'annonce officielle de sa signature aux côtés de Maverick Vinales ne saurait tarder - signe le deuxième podium de sa carrière, son premier en catégorie reine.

Il s'agit par ailleurs de son meilleur résultat en Grand Prix, toutes catégories confondues : depuis sa première saison complète en 2005, l'Espagnol n'était effectivement jamais monté plus haut qu'à la troisième place, obtenue lors du GP de Catalogne Moto2 en 2011. Avouant en souriant avoir sorti les coudes pour empêcher Crutchlow de le déposer dans la ligne droite de l'arrivée, le pilote NGM Forwards explique en rigolant que sa manoeuvre a au passage empêché son rival de passer une vitesse...

"J'ai eu de la chance parce que sinon, il m'aurait réglé mon compte car la Ducati nous tord en ligne droite !", se marre l'Espagnol dont la M1 Open rendait effectivement une grosse poignée de kilomètres/heure à la GP14 en course : 328,6 km/h contre 333,9 km/h. L'an prochain, sa moto sera pilotée par Stefan Bradl, tandis que Loris Baz est actuellement en négociations avancées pour récupérer la deuxième Open du team Forwards, qui conserve finalement en 2015 le même type de soutien technique de Yamaha.

Autrement dit, les deux M1 Open continueront à utiliser des moteurs et des châssis de M1 de génération antérieures, loués par Forwards auprès du constructeur d'Iwata (lire notre Encadré MNC du 28 septembre 2014 : Baz en lice pour la M1 Forwards).

Cal Crutchlow, Ducati (5ème en qualifs et 3ème en course) : "Nous avons eu de la chance dans ces conditions. La première règle pour un pilote est cependant de rester sur sa moto et de ne pas faire d'erreur. Nous l'avons fait et nous avons réussi à mettre une Ducati sur le podium. Je les remercie, ils n'ont jamais baissé les bras et moi non plus, nous faisons de notre mieux".

"Je n'avais pas un très bon feeling en début de course sur le sec, mais j'étais quand même plus compétitif que sur les autres courses de cette année. Je reste satisfait parce que j'ai mieux piloté la moto ce week-end, encore plus sur le sec que sur le mouillé, et ce matin j'ai trouvé un bon réglage avec la moto prévue pour la pluie. En course, je pense qu'on a fait le changement au bon moment : poursuivre avec les slicks était impossible et tous ceux qui sont restés un tour de plus sont tombés".

"De mon côté, j'ai bien aimé cette course, et je crois qu'elle a été amusante. Certains diront probablement qu'il faut changer le règlement, mais nous sommes tous logés à la même enseigne. On a tous essayé de faire le calcul, certains ont bien calculé et d'autres non. On a tous disputé cette course et il a fallu prendre une décision : ceux qui sont montés sur le podium sont ceux qui se sont arrêtés au bon moment".

"Nous avons eu une bonne bagarre avec Aleix à la fin et je l'ai presque percuté à l'arrière car je n'y voyais rien ! D'ailleurs il m'a dit que si je l'avais fait tomber, il m'aurait tué ! Mais je crois que même si on s'était accrochés, nos motos auraient quand même franchi la ligne d'arrivée" (sous-entendu : les deux pilotes sur le dos, NDLR !).

L'analyse Moto-Net.Com : Auteur d'un final "musclé" avec Espargaro (en photo ci-dessus), Crutchlow échoue à seulement 0,017 sec de la M1 Open contre laquelle il est venu s'appuyer au passage sur la ligne. Dans la manoeuvre, sa jambe gauche s'est coincée contre la moto de son rival, l'empêchant de monter un rapport et de profiter de l'allonge du V4 de la Ducati pour prendre l'ascendant.

"Honnêtement, je suis déjà content de finir sur le podium ! Je n'ai empoché aucune prime depuis le début de la saison, alors prendre une prime aujourd'hui c'est sympa. D'ailleurs, si j'avais pu passer une vitesse, je l'aurais passé avant la ligne donc je revendique la moitié de la prime pour la deuxième place également !", déclare avec humour le n°35, qui signe son premier podium chez Ducati et son septième en MotoGP (deux en 2012 et quatre en 2013 avec la Yamaha Tech3).

Suite à cette excellente performance, Crutchlow a fait les yeux doux à Luigi Dall'Igna, le boss du service course Ducati, pour tenter d'accéder à certaines pièces étrennées ce week-end avec succès sur la GP14.2. En tant que pilote sortant, le futur représentant LCR n'a en toute logique pas accès aux dernières évolutions de la Ducati, mais il espère néanmoins profiter de quelques évolutions...

Testée la semaine dernière au Mugello, la "GP14.2" est un croisement entre la Desmosedici actuelle et le prototype développé pour 2015. Ducati garde jalousement le secret sur ses aspects techniques, mais selon les informations collectées ce week-end, cette moto "bâtarde" reçoit un V4 dont la partie supérieure des cylindres est moins large, ce qui a permis de redessiner un châssis plus étroit, un réservoir et une selle moins volumineux au niveau de l'entrejambe (voir la photo ci-contre, avec la GP14 à gauche et la GP14.2 à droite).

La répartition des masses a aussi pu être peaufinée sur cette moto plus compacte et a priori plus facile à inscrire sur l'angle : "je confirme que la GP14.2 est plus fine et plus agile", confie Doviziso, seul pilote à bénéficier de cette évolution avec son futur coéquipier, Andrea Iannone. Pour les deux italiens, l'essai ne sera toutefois pas transformé puisqu'ils ont tous deux chuté et abandonné !

Stefan Bradl, Honda-LCR (8ème en qualifs et 4ème en course) : "Ça aura vraiment été une course folle pour nous ! Nous avons tout d'abord perdu plusieurs positions au départ car notre embrayage ne fonctionnait pas correctement. Ensuite, comme Marc et Dani, j'avais opté pour une gomme dure à l'arrière ("Hard", NDLR) alors que tous les autres pilotes évoluaient quant à eux avec un pneu tendre (la solution "médium" proposée par Bridgestone aux Factory sur cette course, NDLR). Avec la brume et une visibilité qui n'était pas optimale, je manquais de confiance à la mise sur l'angle car le train arrière de la machine se dérobait en entrée de courbes et j'ai ainsi rétrogradé de plusieurs places".

"La pluie a ensuite fait son apparition pour s'intensifier ardemment au fil des minutes et j'ai pensé passer par les stands un tour plus tôt, mais beaucoup de choses me perturbaient l'esprit à ce moment précis. Le podium était réellement à ma portée dans les dernières boucles mais il m'a manqué ce petit quelque chose pour y arriver. Suite aux multiples week-ends sans réussite que nous avons connus dernièrement, cette 4ème place nous récompense quelque peu et nous permet surtout d'aborder sereinement la tournée d'outre-mer. Un grand merci pour conclure à mon équipe qui a abattu un travail exemplaire dans ces conditions".

L'analyse Moto-Net.Com : Suite aux essais effectués sur le sec, Bradl avait fait le choix de partir avec un pneu de dureté moyenne ("Médium") à l'avant et dure ("Hard") à l'arrière, comme les pilotes Honda Repsol. Cette solution présentait l'avantage de la constance sur la durée et paraissait donc sur le papier être la meilleure option.

D'ailleurs dans le clan Yamaha, tous les pilotes regrettaient de ne pouvoir faire de même : sur les M1, les gommes dures engendraient de gros soucis de grip, contre lesquels se sont débattus vendredi et samedi Lorenzo et Rossi dans le team officiel ainsi qu'Espargaro et Smith chez Tech3. Faute de solution satisfaisante, les Yamaha Boys s'étaient donc résignés à courir avec des slicks plus tendres...

Lorenzo avait par exemple opté pour un "Soft" à l'avant et un "Médium" à l'arrière, une solution qui s'est avérée opportunément idéale en raison du rafraîchissement des températures le jour de la course. Pour Bradl en revanche, les pneus durs ont pénalisé son début de course sur une RCV en outre défaillante au niveau de l'embrayage.

Fort heureusement, le pilote allemand a pu profiter de la dégradation des conditions pour gagner plusieurs positions lors de son changement de moto, grâce à une permutation sur sa seconde Honda montée en pneus pluie qu'il juge "tout simplement parfaite" au niveau du timing et de l'exécution par son équipe.

Marc Marquez, Honda-Repsol (1er en qualifs et 13ème en course) : "La course d'aujourd'hui a été difficile parce que je n'avais jamais eu ces conditions de piste auparavant, comme beaucoup d'autres pilotes MotoGP. C'est dommage qu'il se soit mis à pleuvoir. Autrement je pense que Dani, Jorge et moi aurions offert une fin de course très excitante au public".

"Je pense que nous avons fait un bon week-end et c'est dommage d'avoir chuté. C'est entièrement de ma faute : je pensais pouvoir finir la course sur les slicks car j'avais calculé que je ne perdais que 5 à 8 secondes au tour par rapport aux pneus pluie, et il ne restait plus que quatre tours à boucler. Mais aujourd'hui j'ai appris que dans ces conditions, il vaut mieux utiliser une autre stratégie"...

L'analyse Moto-Net.Com : Marc Marquez avait prévenu après sa chute à Misano que la course d'Aragon serait la dernière où il prendrait tous les risques pour s'imposer, afin de régaler ses fans espagnols. Ensuite seulement, il s'occuperait de gérer sa confortable avance au championnat pour verrouiller l'obtention de son second titre mondial.

Archi favori suite à sa pole record claquée samedi et à ses simulations de course impressionnantes de vitesse et de régularité, le n°93 semblait se diriger presque "facilement" vers la victoire. Au soir des qualifications, Mike Doohan devait probablement se résigner à voir son incroyable record de douze succès signés en une saison de catégorie reine (en 1997) être égalé par le tenant du titre...

Mais la météo s'en est mêlée... et Marc Marquez s'est pris les pieds dans le tapis détrempé du tracé d'Alcaniz ! Alors que sa seconde moto montée en pneus pluie lui tendait les bracelets, l'officiel Honda s'est entêté à poursuivre en slicks, peut-être trop fier pour interrompre le premier son duel avec Pedrosa, mais aussi sans doute trop confiant en ses capacités à rester sur ses roues.

Finalement - et logiquement, au regard des conditions - rattrapé par les lois de la gravité, juste après son coéquipier, Marquez s'en voulait sincèrement à l'arrivée et s'est excusé auprès de son équipe : c'était un coup de poker, osé, qui n'a pas fonctionné. Rétrospectivement, le champion en titre s'estime surtout heureux de ne pas s'être blessé et d'avoir pu repartir pour marquer les trois points de la treizième place.

Certes contrit suite à cette deuxième erreur consécutive, Marc Marquez n'a cependant pas de gros soucis à se faire pour le championnat dans la mesure où il caracole en tête du classement avec 75 points d'avance - soit trois victoires, alors qu'il ne reste que quatre Grands Prix à disputer. "Mieux valait faire cette erreur cette année, avec autant d'avance, que durant une prochaine saison où tout sera plus serré", analyse l'Espagnol.

Reste que son employeur et ses fans apprécieraient sûrement de le voir renouer avec la victoire lors de la prochaine course au Japon, dans le jardin du blason ailé. Ce succès lui permettrait de coiffer sa seconde couronne mondiale en MotoGP avec panache...

Dani Pedrosa, Honda-Repsol (2ème en qualifs et 14ème en course) : "La course a été difficile, avec des conditions extrêmes, mais nous avons pu faire une bonne première partie et nous étions en lice pour la victoire".

"J'ai pris une mauvaise décision en ce qui concerne le moment où il fallait changer de moto et je ne suis pas rentré sur le tour où j'aurais dû. Mes pneus ne pouvaient plus tenir et je suis tombé. J'ai heureusement pu repartir et prendre deux points".

L'analyse Moto-Net.Com : Tout à sa lutte pour la victoire avec son coéquipier, Dani Pedrosa a lui aussi surestimé de ses capacités en choisissant de poursuivre la bataille sous une pluie soutenue.

Dans le stand Honda Repsol, les mécanos n'en revenaient tout simplement pas de voir leurs deux représentants entamer un nouveau tour en slicks, alors que tous leurs rivaux étaient rentrés au stand pour repartir avec des pneus pluie ! Une erreur stratégique étonnante de la part de l'habituellement prudent pilote catalan, qui fête aujourd'hui ses 29 ans.

Revenu au pas de course dans son box pour enfourcher sa seconde moto, le n°26 terminera finalement dans le sillage de son coéquipier, à presque une minute et demie du vainqueur. Coup de bol : son premier adversaire pour la place de vice-champion du monde, Valentino Rossi, est lui aussi parti à la faute et a dû abandonner.

Mais si le Docteur ne lui reprend aucun point, c'est de Jorge Lorenzo qu'il lui faut maintenant s'inquiéter : grâce à ses quatre deuxièmes places consécutives et à sa victoire, le Majorquin est désormais en mesure de briguer la seconde place finale au classement !

Valentino Rossi, Yamaha Factory (6ème en qualifs et abandon sur chute en course) : "Je vais bien, tout va bien et c'est la chose la plus importante. Je ne suis pas blessé à l'exception d'une grosse bosse à la tête. Hier soir j'ai eu un peu mal à la tête, mais aujourd'hui je vais bien, je suis à 100%. C'est vraiment dommage car avant la course, nous avions fait un changement positif, la moto était compétitive et j'avais comblé l'écart dans les premiers tours avec les hommes de tête".

"Je me sentais bien et je suis sûr que j'aurais pu faire une bonne course, donc c'était vraiment dommage de tomber. Dans un sens, je suis presque content parce que même si nous avons eu un week-end difficile, le dimanche nous étions compétitifs sur une piste censée ne pas être favorable pour nous".

L'analyse Moto-Net.Com : Revenant trop vite au freinage sur Dani Pedrosa à l'entrée d'un droit, Valentino Rossi a violement perdu l'avant de sa M1 au troisième tour après avoir redressé vers les dégagements pour éviter l'impact. Comme son compatriote Andrea Iannone juste avant lui, le n°46 s'est fait piéger par l'absence d'adhérence du gazon synthétique qui borde la piste, resté humide depuis le matin.

Sonné par le choc, le n°46 a brièvement perdu connaissance, avant de reprendre ses esprits et de se relever visiblement indemne. Par précaution, le nonuple champion du monde a été transporté à l'hôpital d'Alcaniz (Espagne) pour y passer un scanner crânien qui n'a révélé aucune lésion.

Après une nuit sous surveillance médicale, Valentino Rossi a repris le chemin de sa nouvelle maison tout juste achevée dans son village de Tavullia, juste à côté de celle de sa mère Stefania... Un peu fourbu et forcément déçu, le n°46 doit maintenant digérer ce revirement de situation. Drôle de dénouement en effet pour le Docteur, qui visait le doublé en Espagne après son éclatante victoire à Misano !

Pour le n°46, la douche froide est d'autant plus désagréable à supporter qu'il avait mis le gant in extremis sur de bons réglages sur sa M1. Comme pour son coéquipier Lorenzo, sa moto se comportait mieux sur le sec du fait de l'abaissement des températures, lui permettant de soutenir la comparaison avec les Honda officielles.

"Vale pilotait très bien jusqu'à sa chute et c'est dommage parce qu'après le tour de formation, ils nous avaient dit que les changements que nous avions faits étaient parfaits", confirme Massimo Meregalli, directeur du team officiel Yamaha.

Pour l'italien, Aragon présente donc un goût d'inachevé, lui dont les solides performances réalisées cette saison n'attirent que des éloges de part et d'autre du paddock...

"Valentino a atteint un niveau de performance plus élevé que ce que nous espérions, même si nous pensions quand même qu'il gagnerait à nouveau", avoue Kouichi Tsuji, directeur du Yamaha Motor CO. MotoGP Group. "A 35, ce n'est pas facile pour lui de changer son style. Nous apprécions les efforts qu'il a faits pour changer et s'adapter après tant d'années pour se rapprocher du style moderne de Marquez. Il ne fait aucun doute qu'il est meilleur que jamais, mais la concurrence est simplement plus forte".

Pour Carmelo Ezpeleta, promoteur du championnat et grand admirateur du n°46 (et des nombreux fans qu'il amène sur les circuits ou devant leurs télés !), Rossi est "quelqu'un de très spécial, une icône et un excellent pilote qui adore son travail".

"C'est un pilier pour le championnat, mais pas le seul pilier", assure le dirigeant espagnol en s'abstenant néanmoins de désigner les autres "piliers" du MotoGP... Pas sûr en effet que les piliers Marquez, Lorenzo ou Pedrosa soient aussi importants que l'inusable et très rentable pilier Rossi !

"Il a 35 ans et je pense que l'âge ne définit pas une personne, c'est le désir que vous avez qui vous définit", poursuit Ezpeleta. "Physiquement, il est aussi bien qu'à 25 ans. Je crois même qu'il est en fait en meilleure forme qu'à l'époque. Grâce à ses qualités il a su se réinventer, utiliser une moto qui ne convenait pas à son style mais qu'il savait rapide. Pour nous, c'est un exemple de ce que doit être un pilote".

La prochaine course MotoGP, le Grand Prix du Japon, est prévue sur le circuit du Motegi du 10 au 12 octobre. Ce rendez-vous marquera le point de départ de la traditionnelle "tournée d'outre-mer", composée de trois courses consécutives au Japon, en Malaisie et en Australie. Puis le MotoGP reviendra pour la dernière fois en Europe disputer la finale à Valence (Espagne) du 7 au 9 novembre. A suivre naturellement sur MNC : restez connectés... et vigilants quant au décalage horaire !

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