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ÉQUIPEMENTS RÉTRO-RÉFLÉCHISSANTS
Paris, le 22 juillet 2011

Propositions du CISR : les équipementiers français réagissent

Propositions du CISR : les équipementiers français réagissent

Deux poids lourds de l'équipement moto, Olivier de Roaldès du groupe Holding Trophy (Bering, Segura, Cameron, Bagster...) et Thierry Maniguet (Ixon), nous livrent leur avis sur le port de vêtements rétro-réfléchissants souhaité par le CISR. Interviews.

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Parmi les propositions du Comité interministériel de sécurité routière (CISR) du 11 mai (lire notre Dossier spécial CISR : propositions et réactions), celle du port obligatoire d'un "équipement rétro-réfléchissant" a particulièrement cristallisé la grogne des conducteurs de deux et trois-roues motorisés.

Or, même si le gouvernement a depuis précisé qu'il n'envisageait pas de contraindre les motards et les scootéristes à circuler avec un gilet jaune fluo de type chasuble (lire MNC du 20 juin 2011), le débat continue à agiter le monde de la moto. Certains dirigeants politiques prôneraient ainsi la mise en place d'un pourcentage normalisé de matériaux rétro-réfléchissant sur les futurs équipements, quand d'autres évoquent le recours à un brassard...

Moto-Net.Com s'est entretenu sur le sujet avec Oliver de Roaldès, président du groupe français Holding Trophy (Bering, Segura, Cameron, Bagster, STT, BLH…) et avec Thierry Maniguet, fondateur et dirigeant d'Access Equip Motos France (Ixon). Interviews croisées.

Moto-Net.Com : Le CISR propose d'obliger les conducteurs de deux et trois roues à porter des vêtements rétro-réfléchissants. En tant que professionnel de l'équipement moto, quelle est votre opinion ?

Olivier de Roaldès, président du groupe Holding Trophy : Nous avons toujours travaillé pour plus de sécurité en deux-roues motorisés et avec le projet Airbag, nous avons longuement étudié l'accidentologie deux-roues qui est encore méconnue comparativement à l'accidentologie "voiture" (lire notamment MNC du 9 février 2011 : Airbag électronique, le point avec Bering et les assureurs moto, NDLR). Il ressort de ces études que la non perception de l'usager actuel de deux-roues motorisé est pour 15% des cas reportés comme étant à l'origine de l'accident...

Nous ne pouvons pas non plus continuer à ignorer les chiffres de l'accidentologie et de la mortalité en deux-roues motorisé et sommes persuadés que pour que notre passion de la moto vive, nous ne devons surtout pas les considérer comme une fatalité. Cette démarche, bien que contraignante, est un pas pour plus de sécurité. A nous de faire en sorte de la rendre le plus "indolore" possible.

Thierry Maniguet, directeur général d'Ixon : Il est du rôle de la profession (fabricants, journalistes, revendeurs...) de ne pas s'emballer sur des propositions de mesures. J'attire votre attention sur le fait qu'à ce jour, aucune mesure n'a été votée. Nous, fabricants français, sommes en train de nous réunir pour témoigner d'une seule voix auprès des autorités.

M-N.C. : Plutôt que d'exiger le port d'un gilet jaune, le gouvernement réfléchirait à une norme rendant obligatoire un certain pourcentage de matériaux réfléchissants sur les futurs vestes et blousons de moto (lire MNC du 20 juin 2011). Cette solution vous paraît-elle réalisable et pertinente ? Qu'en est-il actuellement sur vos vêtements ?

O. d. R. : Réalisable, oui, pertinente, aussi. En effet, pratiquement tous nos produits sont déjà équipés de réfléchissant, comme avec le "V" dans le dos des produits Bering qui est désormais une marque de fabrique, un signe distinctif. A ce jour, les matières et les technologies permettent d'avoir du réfléchissant de plusieurs couleurs, de l'intégrer très sobrement aux produits. La question portera plus sur le pourcentage à appliquer qui est actuellement inconnu.

Bering commercialise depuis trois ans une gamme de vêtement fluo qui connaît un certain succès, tant en France qu'à l'étranger. Nous attendons les directives exactes afin de mettre cette gamme aux normes.

T. M. : Sachez qu'il y aura une autre alternative proposée aux motards dans la norme, beaucoup moins contraignante que le port d'un gilet. Ixon a été précurseur dans cette voie depuis deux ans, puisque nous avons au sein de notre gamme des brassards réfléctifs intégrés sur les bras ainsi que des panneaux dorsaux réflectifs amovibles. Ce concept s'appelle "Flap View Concept".

M-N.C.: Si ce nouveau type d'équipements devenait obligatoire, les motards pourraient être amenés à se débarrasser de leurs vêtements actuels. Pourrait-t-on alors envisager une "reprise" pour tout achat d'un équipement répondant aux nouvelles normes ?

O. d. R. : Je ne pense pas que nous en arrivions à l'obligation de changer de vêtement et, comme vous y faites allusion, nous oeuvrons pour suggérer l'idée à nos gouvernants qu'il faut inciter tout usager à s'équiper en fonction de sa pratique et de ses goûts tout en évitant un cadre trop rigide qui serait à coup sûr le meilleur moyen de rendre cette mesure vraiment impopulaire.

L'ajout d'un accessoire réfléchissant normé (comme un brassard, NDLR) paraît une bonne solution pour éviter d'avoir à changer d'équipement dans l'immédiat et nous laisser le temps de revoir nos collections pour les mettre en conformité.

Il faut que vous soyez conscient qu'en ce moment, nous développons les gammes qui verront le jour en hiver 2012/2013. Nos produits pour fin 2011 et 2012 sont déjà conçus et leur finalisation largement avancée. Un produit ne sort pas en deux jours : il faut choisir le design, le mix matières, l'assemblage, les éléments techniques (zips, aérations, boutons pressions, doublures, serrages...), valider chaque étape de conception, contrôler la qualité de chaque élément dans le détail. Autant d'étapes qui prennent des mois de travail.

Après quoi il faut concevoir le catalogue, produire les quantités décidées, présenter la gamme au réseau et livrer nos revendeurs pour qu'enfin les produits soient disponibles en magasins. Le planning est donc chargé car il faut réviser l'ensemble de nos futures collections en faisant en sorte que l'impact coût des modifications soit le plus faible possible. Tout respect d'une norme nécessite forcément le passage d'une certification auprès d'un organisme certificateur et les coûts liés ne sont pas neutres non plus.

T. M. : Je n'évoquerai pas le chapitre de reprise des équipements, car ce n'est en aucun cas d'actualité. Je le répète, la prochaine norme sera moins contraignante que ce que vous avez pu lire jusqu'à maintenant.

M-N.C.: Que pensez-vous de l'exemple de l'Allemagne, qui incite à porter un équipement complet homologué par l'intermédiaire des assureurs moto ?

O. d. R. : Nous sommes totalement d'accord avec une telle vision. La formation, la prévention, la sensibilisation et l'incitation sont, de notre point de vue, la meilleure manière d'arriver à des résultats probants en termes de sinistralité. Une obligation est toujours vécue comme une contrainte, même si la finalité est souvent louable.

Une incitation par les assurances du type de celle faite en Allemagne qui ne correspond pas à une baisse de la prime, comme beaucoup le croient, mais à une augmentation du taux de couverture en cas de sinistre, est un levier très important qui pourrait sûrement faire avancer la protection des utilisateurs. La protection et la visibilité vont souvent de paire comme en Allemagne, en Angleterre ou aux Pays-Bas : je ne pense pas qu'une mesure chasse l'autre. A nous, équipementiers, de les faire cohabiter.

Je profite de votre relais pour faire un commentaire sur les normes européennes. La France est aujourd'hui le seul pays à avoir une politique aussi stricte sur la mise sur le marché de produits pour deux-roues motorisé. Il faut que vous sachiez que tout produit deux-roues motorisé mis sur le marché comme tel en France est considéré comme un EPI (Equipement de protection individuel) et doit à ce titre être certifié CE par un organisme notifié.

Nous suivons bien entendu scrupuleusement cette règle et si sur les gants et les bottes nous, équipementiers et législateur, somme arrivés à trouver un consensus, il n'en va pas de même pour les vêtements textiles car le niveau actuel d'exigence ne serait atteignable que sur des produits très haut de gamme se situant aux environ de 500 euros.

Des discussions sont en cours et nous avons bon espoir de trouver rapidement une solution avec nos instances réglementaires pour trouver un niveau à cette norme qui la rendrait possible tant techniquement qu'économiquement.

T. M. : Il nous parait évident que si le gouvernement français a la volonté de diminuer le nombre de motards blessés sur les routes, il devra alors proposer des mesures directives ou incitatives pour rendre le port d'un équipement du motard obligatoire.

Nous ne devrions plus voir alors de motards revêtus d'un t-shirt. Malheureusement, d'après les éléments en ma possession, les compagnies d'assurances ne sont pas favorables actuellement à une incitation tarifaire sur leur prime d'assurance et le gouvernement estime qu'il n'est pas d'actualité de rendre pour l'instant le port du vêtement moto obligatoire…

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