50 ans, marié, 3 enfants, motard CRS depuis 30 ans, Sergio, comme l’appellent ses potes, est un flic qui prône la formation avant la répression. Portrait.
Jeune, Serge Martinez rêvait de faire de la moto et c'est tout naturellement qu'il embrasse la carrière de motard dans les CRS de la région lyonnaise.
Plus jeune motard de France à moins de 22 ans, il passe au side-car d’une façon pour le moins inhabituelle : un jour, son chef lui demande d’aller chercher son side personnel à 25 km. Ne se doutant pas du piège, il y va et ramène non sans peine - au moins deux trottoirs font la rencontre de la roue du panier - la machine à son chef, non sans lui faire remarquer que c’est un engin de fou... Il est ensuite envoyé en formation spécifique side-car à Paris, d’où il sort major et devient moniteur de side sur circuit pour ses collègues. "On devrait, à l’instar de certains permis spéciaux comme le permis caravane, faire passer un permis spécial side-car", estime Sergio, "ou au moins une formation obligatoire du type BSR pour les cyclos, car la conduite d’un attelage n’a rien à voir avec celle d’une moto, ni avec celle d’une voiture !"
Fier d’être flic, aujourd’hui major de la Police nationale, Serge Martinez est modeste et discret à propos de ses résultats sportifs. L’homme a pourtant gagné sous les couleurs du CMPN (partenaire du Moto Tour) le Tour de France side-car 1985 ! Il possède un side R1-Panda Sport qu’il qualifie de "familial", bien que capable d’étonnantes performances à son guidon (lire Moto-Net du 7 octobre 2003).
Serge anime toujours des sessions de formation à la conduite side-car, fidèle à son leitmotiv : la formation avant la répression !
En dehors de ses heures de travail de policier, Serge, disposant du BAFA et du BAFD, anime des colonies de vacances en tant qu’éducateur spécialisé pour les jeunes en difficulté, se servant de la moto parmi les autres activités sportives pour socialiser les jeunes placés sous sa responsabilité. Fort de cette expérience, il rebondit sur la création du BSR pour créer avec l’aide de Pierre Peyret, dirigeant du FCMPN (Fédération des clubs motocyclistes de la Police nationale) un centre de formation dédié à l’apprentissage du deux-roues en particulier destiné aux jeunes en difficulté. Le projet se voit allouer un budget de 3 millions de francs et une surface de 2 hectares pour construire un bâtiment de 300 m2 sur 2 niveaux avec une piste qui, vue d’hélico, rappelle le flat-twin emblématique de BMW.
Le domaine prend le nom de "Percigones" (Piste d’éducation routière citoyenne des Gones, gones signifiant gamins en patois lyonnais). Reste à trouver les partenaires qui permettront de faire vivre le domaine : contact est pris avec Jean-Claude Olivier, le patron de Yamaha France, qui s’écrie en visitant les lieux : "j’ai fait le tour du monde, mais ça, j’ai jamais vu !". Du coup, JCO fournit le parc 2-roues du centre, fort de 17 unités, motos et scooters confondus, renouvelés par des véhicules neufs tous les 6 mois. Le Conseil général alloue 300 000 FF annuels sous forme d’un contrat de 3 ans, le Préfet de Région intègre Percigones dans le PDASR (Plan départemental d’action pour la sécurité routière) et lui verse à ce titre 100 000 FF par an. Enfin la Ville de Lyon verse 50 000 FF par an. Le centre a contribué à la création de six emplois jeunes et à l’intégration de 17 nouveaux policiers.
Reste à recruter les participants : Serge Martinez fait appel à l’Académie en proposant le BSR gratuit et en accueillant 1 000 "gones", dont 650 obtiennent le BSR chaque année. Il a également pris la précaution de contacter les auto-écoles afin de leur expliquer que les stagiaires à son BSR n’auraient de toute façon pas eu les moyens de passer par eux, leur situation difficile ne leur permettant pas cet investissement pour la plupart. "A mon avis, seuls 30 % des jeunes auraient passé le BSR sans avoir recours à Percigones", estime Serge Martinez, pour qui "le plus important, c'est le message de respect d’autrui à travers l’apprentissage de la conduite du 2-roues". Les virages de la piste ont même été baptisés Justice, Tolérance, Respect et Courtoisie ! C’est ainsi un véritable code moral du motard que se voient enseigner les jeunes, un exemple pour le monde de la moto dont les valeurs essentielles sont - ou devraient être ? - le partage et le respect mutuels... Un exemple qu’on aimerait trouver chez tous ses collègues policiers, à l’heure où la punition remplace plus souvent qu’à son tour l’apprentissage !
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