Depuis le 27 juin dernier, un décret autorise la mise en oeuvre du fichier EDVIGE (Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Générale). Une mesure dénoncée par la FFMC, qui y voit une atteinte aux droits de l'Homme et à la manifestation.
Toujours à l'affût de décisions gouvernementales aux relents liberticides, la Fédération française des motards en colère (FFMC) exerce son courroux sur un décret apparu fin juin au Journal officiel. Celui-ci porte sur la création et l'utilisation d'un fichier de traitement automatisé de données à caractère personnel, dénommé EDVIGE (Exploitation documentaire et valorisation de l'information générale).
Le but de ce fichier - qui vient en remplacement d'ARDOISE, retiré en avril dernier car jugé trop inquisiteur - est de "centraliser et analyser les informations relatives aux personnes physiques ou morales (...) qui jouent un rôle institutionnel, économique, social ou religieux significatif (...)", mais aussi "de centraliser et d'analyser les informations relatives aux individus, groupes, organisations et personnes morales qui, en raison de leur activité individuelle ou collective, sont susceptibles de porter atteinte à l'ordre public".
Les forces de police et le gouvernement auront ainsi accès à de nombreuses informations concernant les personnes visées et fichées à partir de l'âge de... 13 ans ! Pris avec des pincettes par la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés), ce fichier recensera les informations suivantes : "adresses, numéros de téléphone, immatriculation des véhicules, informations fiscales ou patrimoniales, déplacements et antécédents judiciaires, données relatives à l'environnement de la personne, signes physiques ou particuliers qui pourront ainsi être collectés puis consultés par la police, la gendarmerie ou le personnel de la DCSP (fusion des RG et de la DGSE, NDLR), sans aucune traçabilité effective de la consultation !" accuse la FFMC.
L'association de défense des motards s'inquiète légitimement des répercussions de ce décret sur la présence de ses adhérents aux manifestations : déjà passée très près de la cessation pure et simple de son activité (lire Moto-Net.Com du 5 juin 2007), la FFMC voit dans EDVIGE une grave menace aux retentissements de ses actions : dans un contexte où la mobilisation du motard français est de plus en plus délicate, la perspective de se retrouver "fiché" lors d'un simple défilé contre la hausse des carburants et la loi des 100 chevaux ne va certes pas arranger la donne...
"La FFMC dénonce ce qui s'apparente à une violation du droit au respect de la vie privée, au titre d'une présupposée menace à l'ordre public. Les nombreux adhérents qui la composent, appelés à dénoncer régulièrement les incuries ou les incompétences des pouvoirs publics en termes de sécurité routière ou autres, ne souhaitent pas se retrouver fichés à la suite d'une manifestation ou tout simplement en tant qu'adhérent à une association de défense des droits de citoyens motards", précise la FFMC.
Appelant à la mobilisation "citoyenne" contre "cette conception de la société gérée comme un Etat policier où l'individu aura perdu son droit à la différence, sa propre identité, et en fin de compte, son existence.", la FFMC relaie une pétition contre ce décret jugé "liberticide" et rappelle que le Comité des droits de l'homme de l'ONU vient de publier un rapport épinglant la France à propos de "l'application du pacte international relatif aux droits civils et politiques" : 26 recommandations ont été faites au gouvernement français, dont plusieurs concernant la prolifération des fichiers de collectes d'informations (notamment EDVIGE)...
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